Les récentes décisions du Conseil des ministres, consacrant des augmentations du salaire minimum garanti et de l’allocation chômage, constituent une concrétisation claire des engagements du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en faveur du pouvoir d’achat et du maintien du caractère social de l’État, estime l’économiste Houari Tigressi.
Invité ce mardi de l’émission “L’Invité du matin” sur la Chaîne II de la radio nationale, le spécialiste a souligné l’importance de ces revalorisations dans le contexte actuel. Selon lui, l’inflation a oscillé entre 4 et 5 % ces dernières années, un niveau bien inférieur à celui enregistré il y a une dizaine d’années, lorsque le taux atteignait 50 à 60 %.
Il rappelle que depuis 2008, aucune augmentation générale des salaires n’a été appliquée à l’ensemble des travailleurs, ce qui rend désormais indispensable une révision périodique. « Quand les salaires augmentent, les familles peuvent épargner davantage et placer leur argent dans les banques, qui pourront ensuite l’injecter dans l’investissement », explique-t-il.
Vers un meilleur contrôle du marché et une baisse durable de l’inflation
Tigressi met en avant une stratégie gouvernementale axée sur la stimulation de la consommation nationale, le soutien au pouvoir d’achat et l’équilibre entre l’offre et la demande.
Il insiste sur l’importance des chantiers engagés à travers la régulation du marché et maîtrise des prix, la généralisation du paiement électronique, le traitement des dysfonctionnements structurels, et une meilleure organisation du commerce intérieur et extérieur.
Selon lui, ces réformes ouvrent la voie à une stabilisation durable des prix. Le pays pourrait même atteindre un taux d’inflation de 2,2 %, voire le réduire, à condition de maîtriser les facteurs externes. Il souligne que 60 % des pressions inflationnistes proviennent de l’importation, d’où la nécessité de contrôler rigoureusement les licences d’importation, qui influent directement sur les prix et la production locale.
Investissement : simplification des procédures et dynamique des start-up
L’économiste appelle à un effort collectif pour faciliter l’investissement, saluant le rôle désormais central de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement, qui a enregistré plus de 17 000 demandes.
La réduction du poids fiscal, aussi bien pour le citoyen que pour l’opérateur économique, figure selon lui parmi les leviers essentiels pour attirer les projets.
Tigressi met également en avant le virage stratégique en faveur de l’innovation et de l’entrepreneuriat, qu’il s’agisse de start-up, de microentreprises ou même de sociétés familiales.
L’université algérienne, dit-il, devient un moteur de création de richesse, avec des innovations qui ne concernent plus uniquement l’économie, mais également la sociologie, la médecine et les sciences humaines. « Une dynamique nouvelle est née, et elle peut contribuer à relever le taux de croissance », affirme-t-il.
L’expert revient enfin sur l’essor du secteur agricole, qui a créé de nombreux emplois et réalisé une contribution notable au PIB, à savoir 38 milliards de dollars, soit près de 15 % du produit intérieur brut et 13 % de cette production provient déjà de l’agro-industrie.
L’objectif à moyen terme, selon Tigressi, est d’atteindre 50 % de transformation, grâce à une exploitation optimale du foncier agricole. Cela permettrait d’accroître la valeur ajoutée, de renforcer la sécurité alimentaire et de réduire la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs.
« L’objectif du président est d’arriver graduellement à une augmentation à 100% des salaires »
Réagissant, de son côté, à la décision du président de la République, dimanche dernier lors du Conseil des ministres, d’augmenter le SNMG (salaire national minimum garanti) de 20 000 DA à 24 000 DA, le Secrétaire général de la Centrale syndicale a souligné le respect, tout à fait honorable, par le président de ses engagements vis-à-vis des citoyens et plus particulièrement des travailleurs.
S’exprimant ce matin à l’émission L’invité du jour de la chaine 3 de la Radio Algérienne, Amar Takdjout a rappelé qu’il s’agit d’une réponse à la « demande exprimée par l’UGTA lorsque le président de la République nous a rendu visite le1er Mai 2024 ». Et d’ajouter, « il nous avait promis d’étudier toutes les demandes exprimées par l’UGTA en ce moment-là et qu’il allait le faire de manière graduelle pour un ensemble de questions dont celle du congé de maternité et des pensions de retraite ».
« L’objectif du président est d’arriver graduellement à une augmentation à 100% des salaires »
Le patron de la Centrale syndicale fait remarquer au passage que le président de la République « est resté fidèle à ses engagements » et que « son objectif est celui d’arriver graduellement à une augmentation de 100% des salaires (…) en vue d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens ». Il a rappelé qu’il y avait « déjà eu des augmentations de la fonction publique et celles des retraités atteignant les 15% ».
Amar Takdjout a en outre expliqué que cette nouvelle augmentation du SNMG est une référence de calcul des salaires, y compris pour certains cadres et retraités en fonction des capacités des entreprises et organismes de manière à éviter le tassement des salaires ».
Dynamiser l’économie réelle contre le risque inflationniste
Le secrétaire général de l’UGTA a cependant mis en garde contre le risque inflationniste en appelant les entreprises économiques à rompre avec « l’attitude de rester dans l’attente des augmentations et d’agir pour la dynamisation de l’économie réelle », celle de la production des biens et services.
« Aujourd’hui, il faut une remise en cause de chacun d’entre nous, dans les entreprises économiques et les administrations. Il ne suffit pas d’attendre uniquement de décréter des augmentations, nous sommes appelé à changer d’attitude et de vision de notre économie’, a-t-il dit, et d’ajouter « les augmentations non suivies la production et une économie forte, risquent d’être bouffées par l’inflation ».
L.R.



