Coïncidant avec la Journée internationale de lutte contre la corruption, célébrée chaque 9 décembre, l’Algérie fait état de 1 540 signalements enregistrés en 2025. La présidente de la Haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption (HATPLC), Salima Mesrati, a souligné les progrès réalisés par le pays dans ce domaine.
« L’Algérie a franchi de grands pas en matière de lutte contre la corruption », a affirmé Mesrati sur les ondes de la radio nationale. Elle rappelle que le pays dispose désormais d’un cadre stratégique et institutionnel complet, marqué par l’adoption en 2023 de la première stratégie nationale de transparence, prévention et lutte contre la corruption, soit 19 ans après la ratification de la convention des Nations Unies sur le sujet.
La HATPLC privilégie désormais la prévention avant la répression, combinée à la digitalisation des services publics, au contrôle du patrimoine des responsables et à la protection des lanceurs d’alerte. « Mieux vaut prévenir que guérir, car la prévention coûte nettement moins cher que la répression », insiste Mesrati, tout en soulignant que la protection juridique des lanceurs d’alerte reste encore insuffisante.
L’Algérie participe activement à la Journée internationale, sur le thème « Unis avec la jeunesse contre la corruption pour façonner l’intégrité de demain », un slogan maintenu en 2025 pour rappeler que la jeunesse, qui représente plus de 1,9 milliard de personnes dans le monde, est particulièrement touchée par les effets de l’inégalité et de l’exclusion liées à la corruption.
La stratégie nationale repose sur 5 objectifs généraux, 17 objectifs stratégiques et 60 mesures concrètes à mettre en œuvre d’ici 2027. Selon Mesrati, la digitalisation des services publics est un levier clé : « Plus nous réduisons l’intervention humaine dans les démarches administratives, plus nous maîtrisons la chaîne de corruption ». L’intelligence artificielle est également envisagée pour détecter précocement les actes de corruption et développer des systèmes de contrôle plus performants.
Contrôle du patrimoine et rôle judiciaire
La HATPLC exerce un contrôle strict du patrimoine des responsables, analysant comptes bancaires, transactions immobilières et autres informations pertinentes. Toutefois, Mesrati précise : « L’Autorité n’est pas une juridiction. Nous ne jugeons ni ne sanctionnons ; nous constituons le dossier probant et le transmettons aux autorités judiciaires compétentes ».
Conformément à l’article 6 de l’ordonnance 06-01, toutes les administrations et institutions sont tenues de fournir les informations demandées. L’objectif est d’instaurer une culture de transparence et d’intégrité, tout en mettant en place des mesures incitatives pour encourager les dénonciations, notamment dans les marchés publics.
Pour Mesrati, l’Algérie doit continuer à moderniser ses outils et renforcer la digitalisation intégrée de toutes les institutions afin de prévenir le détournement des fonds publics plutôt que de chercher à les récupérer après coup. La stratégie adoptée constitue aujourd’hui une référence obligatoire pour tous les secteurs publics et traduit une volonté politique forte de moraliser la vie publique et de protéger le bien commun.
L.R.



