En conférence de presse dimanche matin, le sélectionneur de l’Algérie s’est longuement exprimé sur l’arrivée d’Houssem Aouar et sur la politique des binationaux.
Cette semaine, l’actualité du football algérien a été particulièrement agitée avec la grande annonce d’Houssem Aouar. Le joueur de l’OL avait expliqué ce jeudi avoir décidé de changer de nationalité sportive pour représenter les Fennecs. Et s’il ne figure pas encore dans la liste de l’Algérie pour la prochaine trêve, le milieu de 24 ans, qui a été très critiqué pour son choix, sera très rapidement dans le groupe. Ce dimanche matin, le sélectionneur Djamel Belmadi a donné une très longue conférence de presse pour évoquer la liste de l’Algérie. Et s’il a été logiquement interrogé sur Aouar, il a surtout tenu à défendre son joueur et a expliqué le processus autour de ce nouveau choix de sélection. «Pour Aouar, nous sommes pratiquement à 4 années de discussions ininterrompues. Je connais un peu la situation qu’il vivait, j’ai opté pour l’accalmie et la tranquillité là où certains préféraient mettre à nu le contenu de nos échanges. Certains préfèrent mettre au pilori les discussions. Mettre les joueurs devant le peuple algérien qui est sensible à ces questions. Moi, j’ai préféré la discrétion. Il va nous apporter beaucoup. Mais ce ne sont pas les joueurs qui décident s’ils viennent ou pas, ça n’est jamais arrivé ça ! Il avait une envie farouche de venir jouer», a-t-il d’abord expliqué.
Ensuite, il en a profité pour détailler un peu plus les coulisses de ce choix et l’importance pour les Fennecs de récupérer un joueur de ce calibre. «Aouar a fait sa démarche de changement de nationalité sportive, il a même joué en France A. Il était ému dans son explication et n’a peut-être pas utilisé les bons mots. Il a touché une équipe de niveau mondial, qui a gagné deux mondiaux, a fait deux fois finaliste. Si Aouar a été sélectionné en France, c’est parce qu’il a un très gros niveau, un très gros talent. Ces deux dernières années, il l’expliquera, il a vu, pour plusieurs raisons, son niveau diminuer. Aouar a des qualités bien au-dessus de la moyenne. Il peut devenir un élément très important de notre équipe. Il sera capable de faire tout ce qu’il sait faire le jour où, physiquement, il aura repris. On veut tous le voir bien faire, lui aussi, il sent qu’il doit démontrer beaucoup, sûrement encore plus que les autres comme vous le savez. Il vaut mieux, pour toutes ces raisons, voir Aouar venir en pleine forme physique», a-t-il conclu pour justifier son absence lors de ce rassemblement.
Mais le Lyonnais n’est pas le seul nouveau du côté de l’Algérie, plusieurs binationaux ont ainsi rejoint les rangs du Champion d’Afrique 2019 lors de ce rassemblement. Les jeunes talents du FC Nantes et de Nice Hadjam et Bouanani ont également choisi l’Algérie alors qu’ils étaient convoqués avec les équipes de jeune de la France. Même son de cloche pour Rayan Ait-Nouri, pas appelé avec la France, mais qui a décidé de représenter son pays d’origine. Une décision que met en avant Belmadi. «Certains disent qu’il s’agit de ma nouvelle politique, c’est un mensonge. Ceux qui arrivent aujourd’hui sont dans le même fonctionnement : explication du projet, des objectifs, sensibiliser par rapport à l’équipe nationale et au pays. Rien n’a changé. Pour Bouanani, Hadjam, Chaibi, ça va très vite contrairement à Aouar et Aït Nouri qui ont d’autres raisons. Quand nous gagnions la CAN, ces jeunes avaient 15-16 ans. Pour avoir discuté avec ces jeunes, leur sentiment par rapport à l’Algérie, ils sont très impliqués, ils ont eu une vraie éducation algérienne, un vrai amour de l’Algérie. Ils sont heureux, ils attendaient de venir en équipe nationale. Il n’a pas été difficile de parler avec eux, ils avaient ce rêve de venir avec nous. Mais il faut être patient avec eux. Ils ne joueront pas tout. Certains jeunes n’ont que 5-6 matches de Ligue 1. Mais dans l’histoire du football algérien, c’est la première fois que je vois ces choix. Je pense surtout à un joueur qui est parti voir son club, s’énerver pour choisir l’Algérie, je lui ai dit de ne pas s’embrouiller avec eux, mais ça me touche».
Enfin, après avoir évoqué le dernier Mondial, les prochaines échéances face au Niger lors des qualifications à la CAN, le sélectionneur algérien a tenu à mettre les choses au clair sur la politique des binationaux. Un sujet qui anime régulièrement les débats au pays. «Le sujet des binationaux, qui font le choix de l’Algérie jeune, va prendre du temps. Il est sensible. J’ai souvent clamé la difficulté que nous avions à emmener en Algérie des joueurs qui peuvent avoir un réel impact sur celle-ci. Je n’ai pas besoin de clamer partout notre travail. Ce sont certes environ 5 nouveaux qui viennent en même temps, mais chacun a son histoire, ce sont des individus propres et tous n’ont pas la même histoire. Certains faisaient courir le bruit que moi, qui suis issu du même parcours qu’eux, allait les refuser (…) Si vous voulez dire que je convaincs un joueur sur l’aspect sportif, tactique, j’accepte, parce que ça se limite à ça. La porte est ouverte pour tous les joueurs. Il y aura d’autres dates FIFA. L’avenir nous dira si ces joueurs ont le niveau international. Dans toutes les sélections du monde, on retient un joueur à potentiel et on voit si ça se passe bien ou moins bien. Car avoir des qualités intrinsèques ne suffit pas, surtout en Afrique.» Voilà qui est clair. La reconstruction de l’Algérie après les échecs à la dernière CAN et lors des barrages du dernier Mondial passera aussi par la nouvelle politique des binationaux. Et Djamel Belmadi semble l’avoir très bien compris.