“ Je suis très émue de revenir sur ces lieux après plus de 30 ans mais je sens également une lourde responsabilité sur mes épaules avec la peur que les étudiants ne passent à côté du bonheur d’écrire”, a déclaré jeudi dernier la poétesse d’expression française KeltoumDeffous en marge du premier master class organisé à la salle 116 du bloc des lettres de l’université des frères Mentouri- Constantine 1.
Et d’ajouter qu’elle va essayer de semer l’espérance en expliquant à ces jeunes que l’écriture n’est pas difficile, qu’il s’agit d’une deuxième vie surtout qu’ils sont d’une époque où la technologie leur facilite cet apprentissage comparativement à l’ancien temps où l’accès même à un livre était un privilège.
Toutefois, Mme Deffous est revenue sur son cheval de bataillequ’est la défense des droits de la femme et des enfants en rendant, à travers ses écrits, un vibrant hommage à sa mère en premier mais aussi à ses aïeules qui se sont battues en silence pour inculquer aux enfants les grandes valeurs de la vie.
Pour sa part, l’organisatrice de cette manifestation, le Pr. SouheilaHedid a indiqué au “ Quotidien de Constantine ” que cet événement est une première puisqu’il est question du premier master class organisé en Algérie dans le milieu universitaire. L’enseignante a précisé que le but de cette rencontre, en plus de son cadre pédagogique, est de faire sortir les apprenants du cadre des classes en les mettant en contact avec les acteurs qui sont dans l’opérationnel avec des échanges directs qui ne peuvent être que fructueux pour eux.
La même interlocutrice a précisé qu’elle voulait pour cette première édition initier les étudiants à l’écriture poétique avec comme ultime objectif de les voir s’y mettre avec l’invitée du jour qui va revenir à son statut d’enseignante pour leur transmettre son savoir, son envie et sa fougue d’écrire.
L’expression de l’inavouable
Au cours de ce master class, l’écrivaine a expliqué à l’assistance que la poésie demeure la voix profonde de l’âme, l’expression des non-dits donnant ainsi la liberté au poète. Et de poursuivre en soulevant que l’écriture poétique est un jeu de mots à la portée de tous ceux qui disposent du bagage linguistique nécessaire. “ La poésie est un miracle qui permet d’entrer dans l’âme de l’écrivain sans le connaître ”, a-t-elle soutenu.
La poétesse est revenue sur son parcours avouant qu’elle a toujours écrit mais en cachette jusqu’à l’éclosion de son art avec l’appui de ses enfants. Elle a partagé ses blessures et sa douleur en racontant l’histoire de sa famille puisque durant la guerre de libération nationale, le 02 juillet 1956, les hommes de sa tribu ont été tous fusillés laissant des veuves courageuses qui ont tout fait pour que leurs enfants ne manquent de rien en les encourageant à lire et à écrire.
Malgré ce legs, l’écrivaine a toujours prôné la paix et la fraternité parce que toutes les guerres sont sales. “ Je suis le fruit de l’Algérie indépendante et mon français est celui de l’école algérienne. Ma poésie chante l’amour du pays mais elle est engagée se voulant une passerelle de vers pour semer la paix”, a-t-elle souligné.
A noter que KeltoumDeffous descendante d’une famille de paysans est créditée de 12 recueils dont 7 primés. Née en 1959 à l’ouest de la wilaya de Mila dans une tribu berbère appelée “ Lemhasnia ”, la romancière a obtenu sa licence de littérature française en 1984 à l’université de Constantine. Après avoir été professeur de français de 1984 à 2008, elle s’oriente vers l’entreprenariat en gérant jusqu’à ce jour une société de distribution de produits pharmaceutiques.
Soumeya B.M