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mardi 28 octobre 2025

Enseignement de Tamazight : De l’optionnel à l’obligatoire, le combat du HCA

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Le débat autour de la place de tamazight dans le système éducatif algérien prend un tournant décisif. Invité ce dimanche de l’émission « L’invité du jour » sur la Chaîne 3 de la Radio algérienne, le secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), Si El Hachemi Assad, a lancé un appel appuyé en faveur d’une révision de la loi d’orientation sur l’éducation nationale. Objectif : consacrer tamazight comme matière obligatoire à tous les niveaux de l’enseignement, rompant ainsi avec le caractère encore facultatif qui limite son rayonnement.

« Nous avons réalisé une avancée majeure en matière d’enseignement de tamazight, mais tant que la loi ne garantit pas sa généralisation, les efforts restent fragiles », a souligné M. Assad, s’appuyant sur les dernières données du ministère de l’Éducation nationale, qui montrent une progression continue des inscriptions aux épreuves de tamazight au BEM et au baccalauréat.

Une loi en déphasage avec la Constitution

Au cœur de la revendication du HCA se trouve la loi n° 08-04 du 23 janvier 2008, qui stipule que l’enseignement de tamazight est facultatif et soumis à la demande sociale. Pour Si El Hachemi Assad, cette disposition est aujourd’hui « en décalage avec l’esprit de la Constitution de 2020 », qui a confirmé tamazight dans son statut de langue nationale et officielle.

Il juge par ailleurs la notion de « demande sociale » (article 34 de la loi) « piégeuse », car elle entrave une planification rigoureuse et cohérente de l’enseignement à l’échelle nationale. « L’aspect facultatif ne favorise ni la continuité pédagogique ni l’universalité de l’enseignement de tamazight », a-t-il regretté.

Une stratégie nationale en gestation

Dans cette optique, le Haut-Commissariat à l’amazighité travaille à l’élaboration d’un plan de généralisation de l’enseignement de tamazight à travers les trois cycles : primaire, moyen et secondaire. Un mémorandum prospectif a d’ores et déjà été rédigé par l’institution, traçant les scénarios d’une mise en œuvre graduelle et pérenne.

Ce plan s’inscrit dans une stratégie nationale de promotion linguistique portée par une volonté politique réaffirmée depuis la révision constitutionnelle de 2020. Celle-ci a instauré l’Académie algérienne de la langue amazighe et réitéré l’engagement de l’État à œuvrer pour son développement dans tous les domaines : éducation, médias, administration, et vie publique.

Perspectives et défis

La concrétisation de cet engagement nécessite cependant une réforme structurelle du cadre législatif, mais aussi une mobilisation des moyens humains et matériels : formation d’enseignants, production de manuels en tamazight, standardisation linguistique, et adaptation aux réalités sociolinguistiques du pays.

Pour M. Assad, l’enjeu dépasse le champ scolaire : il s’agit de réconcilier l’école algérienne avec la diversité culturelle du pays, dans une logique d’unité nationale fondée sur la pluralité.

« Tamazight n’est pas une langue régionale. Elle est l’héritage de tous les Algériens. Sa promotion est une question de justice linguistique et de fidélité à notre histoire commune », a-t-il conclu.

L.R.

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