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mardi 28 octobre 2025

Commerce extérieur : Tebboune prend le dossier en main

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Dans un tournant majeur pour l’économie algérienne, le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé, ce dimanche, une refonte en profondeur du système national du commerce extérieur. À travers une série de mesures structurantes, l’État entend recentrer les importations sur les seuls besoins essentiels, tout en bâtissant un cadre rigoureux pour l’essor des exportations hors hydrocarbures. Une réforme ambitieuse que le chef de l’État a choisi de piloter personnellement, illustrant la portée stratégique du dossier.

Face aux dysfonctionnements chroniques observés ces dernières années dans la gestion des opérations d’importation, le président Tebboune a décidé de « siffler la fin de la récréation ». Le Conseil des ministres a ainsi annoncé la suppression de structures jugées inefficaces, comme l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), qui sera remplacée par deux nouveaux organismes aux prérogatives strictement définies.

La mission de ces futurs établissements : encadrer les flux commerciaux dans une logique de souveraineté économique, en cohérence avec les priorités nationales et les standards internationaux. « Ces structures doivent être pensées pour durer, valables pour les décennies à venir, et compatibles avec les mécanismes régissant le commerce mondial », a insisté le président.

Une supervision présidentielle directe et un pilotage interministériel

Dans un geste rare, Abdelmadjid Tebboune a annoncé qu’il supervisera « personnellement » l’installation de ces deux nouvelles agences. Une mini-réunion ministérielle est d’ores et déjà prévue dans les prochains jours. Cette implication directe du chef de l’État marque une volonté de rupture nette avec les pratiques antérieures et un resserrement du contrôle politique sur les instruments économiques.

Parallèlement, le président a ordonné une coordination renforcée entre les acteurs clés du commerce extérieur : ministère du Commerce, Douanes, Banque d’Algérie, et établissements bancaires. L’objectif affiché : garantir un contrôle intelligent et ciblé des importations, en privilégiant les produits à forte valeur ajoutée pour l’économie nationale.

L’un des points saillants de la réforme réside dans la mise en place de spécifications réglementaires strictes pour l’ensemble des opérateurs économiques. Importateurs et exportateurs devront désormais se conformer à un nouveau cahier des charges, pensé pour éviter les abus, sécuriser les filières, et favoriser la qualité.

Autre innovation introduite : la création de coopératives d’achat collectives, un mécanisme inédit qui permettra une traçabilité accrue des opérations d’importation et un meilleur pouvoir de négociation pour les opérateurs algériens. Ce modèle, déjà éprouvé dans certains pays émergents, vise à mutualiser les achats pour réduire les coûts et limiter les fraudes.

Dans cette stratégie, la promotion de la production locale devient un axe structurant. Le président a chargé le ministre du Commerce extérieur, Kamel Rezig, de faire de la spécificité du tissu productif algérien un référentiel normatif à part entière. Autrement dit, les importations ne seront plus décidées en fonction des demandes du marché, mais selon les besoins vitaux de l’économie, tels que définis par l’État.

Un ensemble de normes algériennes contraignantes sera prochainement publié, et s’appliquera à tous les produits importés, quels qu’ils soient. Ce dispositif vise non seulement à protéger la production nationale, mais aussi à créer une culture industrielle ancrée dans l’excellence et la conformité.

À travers cette réforme, Abdelmadjid Tebboune semble esquisser les contours d’une nouvelle doctrine économique, fondée sur la rationalisation des échanges, la valorisation de la production nationale, et la réduction de la dépendance aux hydrocarbures. Reste à savoir si cette orientation ambitieuse pourra s’accompagner des outils de gouvernance et de transparence nécessaires à son succès.

En reprenant la main sur le commerce extérieur, le président joue une carte maîtresse : celle d’une reconstruction industrielle et commerciale fondée sur des bases durables, au moment où l’Algérie cherche à renforcer sa résilience face aux chocs exogènes. Un pari risqué, mais potentiellement structurant pour les décennies à venir.

S.B.

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