Face à une consommation électrique en forte hausse attendue pour l’été 2025, Sonelgaz, qui fait face à une recrudescence des cas de non recouvrement avec 18 000 dossiers transmis à la justice, assure avoir pris toutes les dispositions pour garantir la continuité et la qualité de service sur l’ensemble du territoire national. L’entreprise publique table sur une demande de pointe pouvant dépasser 21 500 mégawatts, soit un niveau record en cas de conditions météorologiques extrêmes.
Invité ce mardi de l’émission « L’Invité du Matin » sur la Chaîne 1 de la Radio nationale, Khalil Hedna, conseiller et porte-parole du groupe Sonelgaz, a indiqué que la capacité de production installée a été portée à 27 333 mégawatts, contre 25 000 MW l’année précédente. Cette progression de 1 722 MW permettra, selon lui, de couvrir les besoins croissants des particuliers, des industriels, ainsi que des 78 000 exploitations agricoles et des nouvelles zones d’habitat et d’activités.
L’été dernier, rappelle-t-il, la consommation avait atteint un record de 19 543 MW, sans que cela ne provoque d’incidents majeurs, malgré une chaleur et une humidité accablante.
Pour faire face à une demande structurellement en hausse — alimentée notamment par les programmes de logements et la mutation économique du pays — Sonelgaz a adopté une stratégie de planification à long terme, bien au-delà des seuls pics estivaux ou fêtes religieuses.
Un budget de 168 milliards de dinars a été mobilisé pour l’été 2025, venant compléter les investissements structurels déjà engagés dans le secteur de l’énergie.
Développement du réseau et modernisation des infrastructures
Un vaste programme d’investissement a été lancé pour la création de nouvelles centrales, dont plusieurs sont déjà opérationnelles. Parmi elles, la centrale de Mostaganem (1 400 MW), ainsi que celles de Bellara (Jijel), Kais (Khenchela), et des unités mobiles dans le Sud.
Des efforts conséquents ont également été menés sur le plan des infrastructures de transport et de distribution, longtemps pointées du doigt. Depuis 2022, 60 centres de transformation, 60 postes haute tension, 2 unités mobiles, et 35 postes supplémentaires couvrant 945 km ont été installés.
15 autres installations sont en cours de finalisation, avec un taux d’avancement estimé à 80 %.
Conscient des besoins spécifiques du Sud algérien, Sonelgaz a déployé un programme spécial couvrant 19 localités dans 10 wilayas sahariennes, dont El Menia, Tamanrasset, In Guezzam, Illizi, Djanet, Ouargla, Timimoun, Tindouf ou encore Bordj Badji Mokhtar.
Les réalisations incluent 2 115 km de réseau, 622 transformateurs publics, ainsi que l’installation de trois turbines à gaz mobiles de 17 MW chacune, conçues en Algérie à Batna, en partenariat avec General Electric.
En collaboration avec la Direction générale des forêts, Sonelgaz a mis en œuvre un plan de prévention des incendies : 870 tranchées pare-feu ont été creusées, 346 486 arbres élagués, et plusieurs lignes haute tension ont été déplacées hors des zones urbaines.
La question du recouvrement des créances reste préoccupante. Selon Hedna, les dettes non réglées des clients atteignent 179 milliards de dinars. Des procédures amiables ont été engagées, mais plus de 18 000 dossiers ont déjà été transmis à la justice, certains datant de plus de dix ans.
Actes de vandalisme : une hémorragie silencieuse
80 % des coupures estivales sont dues à des atteintes au réseau, principalement liées à des travaux de terrassement non autorisés. Sonelgaz évalue les pertes financières à plus de 5,6 millions de dinars. Pas moins de 12 873 actes de vandalisme ont été recensés, causant parfois des accidents graves, notamment à El Bayadh, Djelfa, Bordj Bou Arréridj et Alger.
Le « Projet du Siècle » : 15 000 MW d’énergies renouvelables d’ici 2035
Enfin, Hedna a révélé que Sonelgaz a été officiellement mandatée pour piloter le plus ambitieux projet énergétique de l’histoire du pays : la production de 15 000 MW d’énergies renouvelables d’ici 2035. La phase initiale comprend 3 200 MW répartis sur 22 centrales, en cours de réalisation, pour une mise en service intégrale prévue en 2026.
Cette capacité permettra à l’Algérie d’économiser jusqu’à 4,1 milliards de m³ de gaz naturel par an, tout en accélérant sa transition énergétique.
L.R.



