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lundi 15 décembre 2025

Situation économique : Une croissance solide, hors pétrole

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L’économie algérienne poursuit sa mue. En 2024, le produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures a enregistré une croissance soutenue de 4,8 %, un signal fort de la vigueur des secteurs non pétroliers et gaziers. Ce chiffre, communiqué lundi à Alger par Cyril Desponts, économiste principal pour l’Algérie à la Banque mondiale, illustre le redressement progressif mais tangible d’une économie longtemps arrimée à la rente pétrolière.

Lors d’une conférence de presse tenue en marge de sa mission dans la capitale, M. Desponts a salué la robustesse de l’économie réelle, portée par une consommation privée dynamique et un regain d’investissement, notamment dans les secteurs des services, de l’agriculture et du bâtiment.

L’un des signaux les plus positifs de cette trajectoire reste la forte décrue de l’inflation, passée de 9,3 % en 2023 à seulement 4 % en 2024. Ce ralentissement de la hausse des prix, rare dans la conjoncture régionale, a été rendu possible par la performance remarquable du secteur agricole, en particulier une saison céréalière exceptionnelle, malgré une pluviométrie en deçà des moyennes historiques.

La Banque mondiale, dans son rapport intitulé « Accélérer les gains de productivité pour une croissance diversifiée et résiliente », appelle néanmoins à un changement de cap structurel. L’économie algérienne, bien que sur une pente ascendante, reste exposée aux soubresauts des marchés énergétiques mondiaux.

« Il est essentiel de réorienter l’emploi et l’investissement vers les secteurs à plus forte valeur ajoutée, tels que l’industrie manufacturière, les services, l’agriculture modernisée et la construction », a insisté Cyril Desponts. Il plaide pour un rééquilibrage budgétaire progressif, des réformes incitatives pour le secteur privé et une stratégie claire de développement des compétences.

Une croissance résiliente, mais sous condition

Amel Henider, économiste à la BM, a souligné que l’investissement privé est demeuré dynamique tout au long de 2024, nourrissant la demande intérieure et consolidant la montée en puissance de plusieurs filières productives. La production nationale, hors hydrocarbures, a progressé de près de 5 %, confirmant l’amorce d’un cycle vertueux.

Mais cette dynamique reste fragile. Kamel Braham, représentant résident de la Banque mondiale en Algérie, met en garde contre la persistance d’une vulnérabilité budgétaire et extérieure, directement tributaire des prix du pétrole et du gaz. Il appelle de ses vœux une accélération de la transformation structurelle pour asseoir une croissance plus inclusive et durable.

Coopérations et initiatives en appui

Sur le terrain, plusieurs programmes de coopération technique sont en cours entre la BM et les autorités algériennes. Parmi les projets phares figurent des partenariats avec l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), des initiatives de soutien à l’entrepreneuriat féminin et un appui au développement des exportations hors hydrocarbures. Des chantiers en cohérence avec les orientations stratégiques du gouvernement, et qui traduisent une volonté assumée de diversification économique.

Alors que 2025 s’annonce sous le signe d’un rebond dans le secteur énergétique, l’enjeu, désormais, est de convertir cette embellie conjoncturelle en transformation structurelle. Pour l’Algérie, la route vers une économie résiliente et compétitive est tracée — mais elle exige constance, réformes et vision.

L.R.

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