L’Algérie franchit un cap stratégique dans le domaine des biotechnologies. Une convention de partenariat signée entre le groupe pharmaceutique Saidal, Madar Holding et l’Association générale de recherche scientifique en virologie (AGERP) prévoit la création d’un centre national de recherche en microbiologie ainsi qu’une usine de production de vaccins à usage humain et vétérinaire.
Invité ce mercredi à l’émission L’invité du jour sur la Chaîne 3, Houcem Korib, président de l’AGERP, a qualifié ce projet de « véritable enjeu sécuritaire » et « acte de souveraineté nationale ». Il affirme que ce centre permettra à l’Algérie de se hisser au rang des pays leaders dans le développement et la production de vaccins.
Dans un premier temps, le centre se concentrera sur le contrôle rigoureux des vaccins importés, en analysant leur efficacité et leur composition. Une étape jugée cruciale pour garantir la sécurité sanitaire, notamment après l’incident lié à un vaccin vétérinaire importé d’Inde, contaminé et responsable d’importants dégâts sur le cheptel national.
Mais l’ambition ne s’arrête pas là. « L’objectif est de parvenir à l’autosuffisance vaccinale, en développant localement des vaccins adaptés à nos besoins », précise M. Korib. Cette approche s’inscrit dans une dynamique de réduction de la dépendance extérieure, tout en renforçant les capacités nationales de réponse aux crises sanitaires.
Un centre d’expérimentation à Biskra
Pour soutenir cette dynamique, un centre d’expérimentation animale est en cours de réalisation à Biskra. Il jouera un rôle-clé dans la transition de la recherche fondamentale vers la recherche appliquée, en permettant le test et la validation des futurs vaccins, avec une priorité accordée aux vaccins vétérinaires, essentiels à la santé animale et à la sécurité alimentaire.
Ce projet s’appuie également sur les dernières avancées en matière de biotechnologie vaccinale. Parmi les techniques envisagées, on citera l’ARN messager (ARNm), technologie révolutionnaire popularisée par les vaccins anti-Covid-19, permettant une réponse rapide aux pandémies, les plateformes vectorielles virales, qui utilisent des virus inoffensifs pour induire une réponse immunitaire ciblée ou encore la bioproduction en cellules souches animales ou humaines, pour optimiser les rendements et la qualité des vaccins.
Bref, la production de vaccins est un processus complexe qui comprend plusieurs étapes, de la conception et du développement à la fabrication à grande échelle et au contrôle qualité. Les vaccins peuvent être produits à partir d’organismes vivants affaiblis ou inactivés, d’anticorps artificiels ou de composants de microorganismes.
Ces méthodes permettront à l’Algérie de développer des vaccins de nouvelle génération, plus efficaces, plus sûrs, et adaptés aux souches locales de pathogènes.
Avec ce projet, l’Algérie affirme sa volonté de se doter d’un pôle de compétence de haut niveau dans le secteur des biotechnologies. Ce centre pourrait également devenir une plateforme régionale, au service des pays africains en quête de solutions locales face aux défis sanitaires mondiaux.
L.R.



