L’Algérie a franchi un cap inédit : 42 millions de tonnes de ciment produites annuellement, soit presque le double de la consommation intérieure estimée à 22 millions de tonnes. Ce record, atteint depuis 2023, illustre non seulement le dynamisme du secteur du bâtiment, mais aussi la mutation stratégique du pays vers l’autosuffisance et l’exportation.
Au cœur de cette transformation : le secteur du logement, devenu moteur d’une relance industrielle et d’un renouveau urbain national.
Logement et BTP : un duo qui propulse la croissance
Le secteur du logement en Algérie est entré dans une phase de modernisation accélérée, portée par la mobilisation de plus de 18 000 entreprises de construction nationales. Classées de la 1?? à la 9? catégorie, ces sociétés opèrent à travers tout le territoire dans la réalisation des différents programmes d’habitat.
Selon Moussa Abada, directeur général de l’Agence nationale d’urbanisme, cette dynamique a permis de réduire les délais de réalisation, tout en élevant la qualité des constructions, et d’entraîner une hausse significative de la production de matériaux de construction, notamment le ciment.
Une contribution de 12 % au PIB
Intervenant mercredi dans l’émission « L’invité du matin » sur la chaîne Une de la Radio nationale, M. Abada a rappelé que le secteur du logement représente désormais 12 % du produit intérieur brut (PIB). Une part significative qui traduit la puissance d’entraînement de ce secteur sur l’économie nationale.
La surproduction de ciment, au-delà de couvrir les besoins locaux, permet aujourd’hui de générer des devises via l’exportation vers des marchés étrangers, tout en réduisant la dépendance aux importations de matériaux.
Projets livrés en un an : une révolution dans les délais
L’un des acquis majeurs de ces dernières années est la réduction spectaculaire des délais d’exécution. « Nous sommes passés de projets qui prenaient 7 à 10 ans à des livraisons en moins de 12 mois », a indiqué M. Abada.
Ce changement de rythme est attribué à une meilleure organisation, un suivi rigoureux et à la performance des entreprises nationales qui ont su relever le défi avec professionnalisme.
Une nouvelle vision urbaine : des quartiers pensés pour vivre
Le logement n’est plus conçu comme une simple réponse à la demande d’hébergement. Le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville promeut désormais une approche intégrée, centrée sur la création de quartiers complets et modernes, incluant établissements scolaires, structures sanitaires, réseaux de transport, espaces verts, et zones de loisirs et de détente.
Les aménagements incluent des trottoirs larges (5 à 7 m), des voies dédiées aux bus et cyclistes, et une architecture en harmonie avec l’identité nationale.
« Le bonheur des nations réside dans leur urbanisation »
Citant le poète irakien Ma’ruf al-Rusafi, M. Abada a résumé cette philosophie urbaine en une formule évocatrice :
« Le bonheur des nations réside dans leur urbanisation. »
Un slogan qui devient aujourd’hui la boussole des politiques publiques dans un contexte de profonde reconfiguration urbaine.
Révision en cours de la loi sur l’urbanisme
Pour accompagner cette transformation, une révision du cadre législatif est engagée. Un nouveau projet de loi sur l’urbanisme est en préparation, avec pour ambition d’adapter les textes aux réalités actuelles du territoire, de favoriser une meilleure qualité de vie, et d’assurer l’efficacité dans l’acte de bâtir.
CTC : contrôle technique renforcé sur les matériaux
La CTC (Contrôle technique de la construction) a vu ses prérogatives élargies. 55 nouveaux points de contrôle ont été ajoutés au système, portant sur la qualité des matériaux, notamment le plâtre, les enduits et autres éléments de finition.
L’objectif : garantir la durabilité, la conformité et la sécurité des bâtiments, dans un contexte de montée en gamme des standards de construction.
Une offre plurielle, garante d’équité sociale
Sur le plan social, M. Abada a mis l’accent sur la transparence des mécanismes d’attribution. Les commissions locales, au niveau des communes et des daïras, instruisent les demandes de logement selon des critères stricts.
L’État maintient une diversité de formules (logement social, AADL, promotionnel public LPP, libre LPL, participatif) pour répondre à la pluralité des besoins et préserver la cohésion sociale.
Une nouvelle ère pour les villes algériennes
L’Algérie construit peu à peu un nouveau modèle urbain, fondé sur l’intégration, la durabilité, l’attractivité et l’investissement. Le logement devient un levier de développement économique, un outil d’aménagement territorial, et un espace de vie à haute valeur ajoutée.
La performance des entreprises nationales, la maîtrise des matériaux, et l’approche globale de la ville positionnent l’Algérie sur la voie des villes intelligentes et durables de demain.
L.R.



