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mardi 28 octobre 2025

Feux de forêt : Contre- feux gagnant 

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Chaque été, les feux de forêt représentent une menace sérieuse pour l’Algérie. Cependant, en 2024, la situation semble s’être inversée de manière remarquable. Après plusieurs années marquées par des incendies dévastateurs, le pays enregistre enfin une nette accalmie. Ce recul spectaculaire des feux résulte d’une stratégie volontariste fondée sur deux axes complémentaires : la répression des actes criminels et la mobilisation renforcée des moyens de prévention et d’intervention.

Les années précédentes avaient pourtant laissé des traces profondes. En 2021, l’Algérie a vécu une saison particulièrement meurtrière. Le nord du pays, et en particulier la région de Kabylie, a été durement touché. À Tizi-Ouzou, des dizaines de morts ont été déplorés, tandis que près de 90 000 hectares de forêts, de vergers et de broussailles sont partis en fumée. Deux ans plus tard, en juillet 2023, un nouveau drame a frappé la région de Toudja, près de Béjaïa, où plus d’une trentaine de personnes ont péri dans les flammes. Cette année-là, 38 000 hectares supplémentaires ont été détruits.

Plusieurs causes expliquent la fréquence et la gravité de ces incendies. Le dérèglement climatique, en provoquant des températures anormalement élevées, joue un rôle évident. Mais les causes humaines sont également largement responsables, et parfois de manière criminelle. Selon les autorités, 80 % des feux en Algérie sont d’origine humaine. Certains sont déclenchés volontairement, dans le cadre d’activités illégales comme la fabrication de charbon de bois ou le défrichage sauvage à des fins agricoles. D’autres sont causés par négligence, qu’il s’agisse de barbecues allumés en pleine forêt, de déchets abandonnés à la lisière des bois, de débroussaillage mal encadré en plein été ou même d’un simple mégot de cigarette jeté depuis une voiture.

Une stratégie ferme et cohérente

Face à cette réalité alarmante, l’État a adopté une stratégie ferme et cohérente. Le premier axe repose sur le durcissement des peines contre les auteurs d’incendies volontaires. La législation prévoit désormais des peines particulièrement lourdes, pouvant aller jusqu’à la prison à perpétuité, notamment lorsque les incendies affectent des biens publics ou appartenant à des collectivités. Des sanctions ont également été instaurées pour punir les comportements imprudents. Parallèlement, plusieurs pratiques dangereuses, comme la production illicite de charbon, le défrichage non autorisé ou les barbecues en forêt, ont été formellement interdites.

505 unités d’intervention au sol, 65 colonnes mobiles spécialisées et six détachements régionaux

Le second axe de la stratégie repose sur un renforcement massif des moyens de prévention et de lutte. Le redéploiement des gardes forestiers, longtemps absents en raison de l’insécurité durant les années 1990, a permis de rétablir une surveillance active sur le terrain. Des campagnes de sensibilisation ont été menées à grande échelle pour éduquer la population aux risques liés aux feux de forêt. Surtout, les moyens techniques et humains ont été considérablement augmentés. Le dispositif présenté au début de l’été 2024 comprend douze avions bombardiers d’eau de type AT 802, loués par la Protection civile, six hélicoptères, deux avions de reconnaissance et plusieurs drones destinés à la surveillance des zones forestières. À cela s’ajoutent 505 unités d’intervention au sol, 65 colonnes mobiles spécialisées et six détachements régionaux prêts à intervenir rapidement. L’Armée nationale populaire participe également à l’effort avec des moyens aériens de plus grande capacité.

Cette mobilisation générale porte ses fruits. En 2024, moins de 3 500 hectares ont été touchés par les flammes dans tout le pays. Ce chiffre marque une baisse spectaculaire par rapport aux années précédentes, alors même que l’été a été plus chaud qu’en 2023. Selon des sources proches du dossier, 2024 serait même l’année la plus calme en matière d’incendies depuis l’indépendance de l’Algérie. Cette amélioration est le résultat d’un effort coordonné entre l’État, les collectivités locales, la Protection civile, les forces de sécurité et la société civile.

Malgré ce bilan encourageant, la vigilance reste de mise. Le changement climatique, toujours plus pressant, continue d’exacerber les risques. Les comportements imprudents ou illégaux ne disparaîtront pas du jour au lendemain. La réussite de cette stratégie dépend donc de sa pérennisation, de l’entretien constant des moyens de lutte et du maintien d’une sensibilisation active. L’Algérie semble avoir trouvé la bonne formule pour sortir du cycle infernal des incendies estivaux. Mais pour tourner définitivement la page, il faudra rester ferme, lucide et mobilisé sur le long terme.

L.R.

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