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lundi 1 septembre 2025

L’ANIRA dézingue les dérives médiatiques après le Drame d’El Harrach »

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Le tragique accident survenu vendredi à El Harrach, où un bus a sombré dans l’oued, a endeuillé le pays tout entier. Alors que le président Abdelmadjid Tebboune décrétait un deuil national et ordonnait la mise en berne du drapeau, certaines chaînes de télévision, elles, choisissaient une toute autre posture : transformer la tragédie en une vitrine d’audience, quitte à piétiner les règles de base de la déontologie journalistique.

C’est cette dérive que l’Autorité nationale indépendante de régulation de l’audiovisuel (ANIRA) a dénoncée, dans un communiqué publié samedi, avec une rare sévérité.

Des chaînes sous le feu des critiques

Après avoir passé en revue les différentes couvertures télévisuelles de l’accident, l’ANIRA a constaté de graves manquements professionnels. Certaines chaînes, selon elle, ont franchi des lignes rouges inacceptables :

  • Interview de blessés en salle de réanimation, en pleine détresse médicale.
  • Intrusion dans l’intimité des familles endeuillées, filmées en pleurs et submergées par le choc.
  • Mise en scène d’une douleur encore vive, avec des images et témoignages utilisés à des fins purement sensationnalistes, dans le seul but d’attirer l’audience et de faire grimper les clics sur les réseaux sociaux.

L’ANIRA qualifie ces comportements de véritable marchandage de la souffrance humaine, une forme de journalisme qu’elle juge indigne et dangereuse pour la crédibilité de la profession.

Le rappel à l’ordre réglementaire

S’appuyant sur les textes en vigueur, l’ANIRA rappelle que de telles pratiques sont strictement interdites par :

  • La loi 23-20 relative à l’activité audiovisuelle.
  • Le décret exécutif 24-250, définissant les obligations imposées aux services de communication audiovisuelle.

Ces textes imposent un strict respect de la dignité humaine, de la vie privée, et interdisent toute exploitation médiatique de la souffrance, tout en obligeant les chaînes à faire preuve de prudence dans la diffusion de contenus choquants.

Un appel à la responsabilité collective

Dans son communiqué, l’ANIRA ne se contente pas de pointer du doigt. Elle interpelle les rédactions à recentrer leur travail sur les fondements du métier :

  • Enquêter sérieusement sur les circonstances du drame.
  • Vérifier rigoureusement les informations.
  • Respecter les espaces médicaux et les familles.
  • Refuser la médiocrité et le sensationnalisme.

L’autorité avertit : la liberté de la presse est un droit fondamental, mais elle s’accompagne d’une responsabilité éthique. Et l’ANIRA assure qu’elle sera intransigeante en cas de récidive ou de nouvelle violation.

Vers une charte nationale ? Oui, mais pas sans cadre

Enfin, l’ANIRA a réagi à l’appel de certaines organisations pour la création d’une charte nationale de déontologie journalistique. Si elle salue cette volonté de structurer la profession, elle rappelle fermement que l’élaboration d’un tel cadre ne peut se faire hors des mécanismes légaux existants.

Elle précise que seuls les organes habilités par la loi sont compétents pour adopter et faire respecter une telle charte, tout en se disant ouverte à toute initiative sérieuse et légitime en ce sens.

Le drame d’El Harrach n’est pas seulement une tragédie humaine, c’est aussi un miroir tendu aux pratiques médiatiques du pays. La réaction ferme de l’ANIRA marque un tournant et un signal clair : l’exploitation de la douleur à des fins commerciales ne sera plus tolérée.
La balle est désormais dans le camp des médias : redorer leur image ou continuer à sombrer dans le sensationnalisme.

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