Le Fonds monétaire international (FMI) a livré une appréciation globalement favorable de la trajectoire économique de l’Algérie. L’institution financière internationale confirme les constats récents de la Banque d’Algérie, tout en soulignant les défis qui restent à relever pour consolider la reprise et préparer l’économie nationale à d’éventuels chocs futurs.
En 2024, la croissance du PIB réel s’est établie à 3,6 %, contre 4,1 % en 2023. Si ce ralentissement est attribué au recul des prix des hydrocarbures et aux quotas de production imposés par l’OPEP+, le FMI relève que l’activité hors hydrocarbures est restée soutenue, portée par l’investissement public et la demande intérieure.
Pour 2025, la croissance est attendue à 3,4 %, un rythme jugé solide au regard de la moyenne mondiale estimée à 3,3 %. Les réserves de change demeurent « solides », selon le rapport, et l’inflation a reculé nettement : 4,4 % en 2024 contre 7,1 % en 2023, principalement grâce à la baisse des prix alimentaires.
Un déficit budgétaire préoccupant
Malgré ces bonnes performances, le FMI met en garde contre un creusement du déficit budgétaire, conséquence de la baisse des recettes pétrolières et gazières conjuguée à l’augmentation des dépenses publiques. Ce déficit devrait rester élevé en 2025, sauf en cas de mesures politiques « énergiques ».
Par ailleurs, l’excédent courant s’est transformé en léger déficit, sous l’effet de la baisse des exportations d’hydrocarbures et de la hausse des importations.
Sur le plan monétaire, le FMI souligne que le dinar s’est apprécié face à l’euro en 2024 mais affaibli face au dollar. Il recommande une plus grande flexibilité du taux de change, afin d’améliorer la capacité de l’économie à absorber les chocs liés à la volatilité des prix des matières premières.
Des réformes jugées positives
L’institution de Washington salue plusieurs mesures déjà engagées à travers une politique monétaire « accommodante » de la Banque d’Algérie, jugée « adéquate », des efforts pour renforcer la supervision bancaire et réduire le marché parallèle, notamment par l’augmentation de l’allocation de change pour les voyages et un engagement des autorités à combler les lacunes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, identifiées par le GAFI.
Les réformes structurelles destinées à diversifier l’économie, à travers la loi sur l’investissement, la réforme du foncier et le lancement d’une plateforme numérique unique simplifiant les procédures administratives.
Malgré ces avancées, le FMI formule plusieurs recommandations stratégiques, à savoir rationaliser les dépenses publiques et réduire les postes jugés inefficaces, augmenter les recettes hors hydrocarbures, notamment via la réforme des subventions énergétiques qui pourrait générer des recettes « substantielles » à moyen terme, améliorer la gestion des finances et des investissements publics pour accroître leur efficacité et Renforcer la qualité et la rapidité des statistiques nationales, afin de mieux éclairer la prise de décision économique.
En conclusion, le rapport du FMI met en lumière une équation contrastée : l’Algérie récolte les fruits d’une politique économique volontariste qui lui a permis de résister aux chocs mondiaux récents, mais elle reste fortement exposée à la dépendance aux hydrocarbures et à la dynamique de ses dépenses publiques.
L’institution internationale estime que les efforts entrepris ouvrent des perspectives positives, à condition que les réformes de fond soient poursuivies et accélérées.
L.R.