L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) ont décidé, dimanche, d’une augmentation collective de leur production de 137 000 barils par jour (b/j) à compter de novembre 2025. L’Algérie participera à cette hausse, avec une augmentation de 4 000 b/j. Cette décision, adoptée lors d’une réunion ministérielle par visioconférence, regroupe huit pays appliquant des ajustements volontaires : l’Algérie, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Irak, le Kazakhstan, le Koweït, Oman et la Russie.
L’annonce intervient dans un contexte de fortes incertitudes sur l’équilibre entre l’offre et la demande mondiales. Les ajustements sont présentés comme une démarche « prudente et équilibrée » pour préserver la stabilité du marché, tout en laissant une marge de manœuvre face à l’évolution de la conjoncture mondiale.
Les défis du marché pétrolier mondial
Excédents et accumulation de stocks
- Selon le rapport mensuel de l’AIE (IEA), l’offre mondiale pourrait croître d’environ 2,7 millions de b/j en 2025. Cette révision à la hausse est en partie liée à l’augmentation de la production Opep+ récemment annoncée.
- La demande mondiale, en revanche, devrait croître plus modérément : l’AIE table sur une progression de ~700 000 b/j pour 2025 et 2026.
- Cette dynamique crée une situation de déséquilibre : les stocks globaux observés ont augmenté pendant plusieurs mois consécutifs, notamment du fait de réserves en Chine et des excédents dans les raffineries régionales.
- L’AIE estime que les stocks mondiaux pourraient croître en moyenne de ~2,5 millions b/j au cours du second semestre 2025, si l’offre dépasse durablement la demande.
Pressions à la baisse sur les prix
- Avec de tels déséquilibres, le marché pourrait être soumis à une pression baissière sur les prix du pétrole, en dépit des efforts de coordination d’Opep+.
- Des institutions financières comme JP Morgan ont déjà revu à la baisse leurs prévisions : elles anticipent un prix moyen du Brent autour de 66 USD / baril en 2025, puis une descente vers 58 USD en 2026, en raison de l’excès d’offre et des perspectives modérées de croissance.
Croissance non-Opep en exergue
- La croissance de l’offre hors Opep+ constitue un autre facteur déterminant. Des pays comme les États-Unis, le Brésil, le Canada ou la Guyane continuent d’augmenter leur production, ce qui intensifie la concurrence.
- L’AIE a d’ailleurs abaissé sa prévision de croissance de la production non-Opep pour 2025 de 100 000 b/j, mais maintient qu’elle restera un moteur important dans l’expansion de l’offre mondiale.
Divergences institutionnelles sur la demande
- Les projections de demande des grandes institutions divergent. L’AIE, plus prudente, a réduit ses prévisions à plusieurs reprises au cours de l’année, face à une demande plus faible que prévu dans certaines grandes économies.
- À l’inverse, l’OPEC, dans ses rapports mensuels, continue de tabler sur une demande plus robuste pour 2025, avec une croissance annuelle estimée à ~1,3 million b/j.
- Pour l’année 2026, l’OPEC a relevé légèrement ses perspectives, tout en soulignant que les incertitudes macroéconomiques (ralentissement, inflation, politiques énergétiques) restent des variables clefs.
Vers où va le marché ? Impacts et enjeux pour l’Algérie
La décision d’augmenter la production de façon mesurée apparaît comme un compromis entre la recherche de revenus supplémentaires et la volonté d’éviter une chute des cours. Toutefois, les tendances lourdes du marché – accumulation de stocks, croissance forte de l’offre non-Opep, demande mondiale modérée – contiennent un risque latent : la saturation du marché.
Pour l’Algérie, cette conjoncture présente des opportunités — mieux exploiter ses quotas — mais aussi des défis :
- Sensibilité aux prix : avec un baril trop bas, les marges budgétaires nationales peuvent se réduire.
- Compétitivité nécessaire : accroître l’efficience de la production et réduire les coûts pour rester attractif.
- Importance de la diversification : l’Algérie, déjà engagée vers une stratégie hors hydrocarbures, doit maintenir le cap pour limiter sa vulnérabilité aux fluctuations pétrolières.
- Suivi prudent des marchés africains : l’Algérie pourrait tirer parti de la logistique et de la proximité géographique pour renforcer ses exportations, même dans un contexte mondialisé tendu.
L.R.