Le cancer du sein reste la première cause de mortalité féminine par cancer en Algérie, avec une moyenne alarmante de 14 décès par jour, selon la Docteure Karima Achour, cheffe du service de chirurgie thoracique et mammaire au CHU de Bab El Oued (Alger).
Les hommes ne sont pas épargnés : 1 % des cas recensés concernent également la population masculine.
Invitée de l’émission L’invité du jour sur la Chaîne 3 de la Radio Algérienne, la spécialiste a rappelé que 90 % des patientes peuvent être guéries lorsque le cancer est diagnostiqué à un stade précoce. Elle appelle ainsi à renforcer le dépistage régulier à partir de 40 ans, tout en notant un phénomène préoccupant : le rajeunissement des cas observé dans le Maghreb, où de plus en plus de femmes âgées de 25 à 30 ans sont touchées.
Pour la Docteure Achour, la lutte contre le cancer du sein passe d’abord par un maillage territorial efficace.
Elle plaide pour une mobilisation accrue des EPSP (établissements publics de santé de proximité), présents dans toutes les communes du pays, afin d’en faire les pivots du dépistage national.
« Ces structures doivent être équipées de mammographes modernes et disposer de radiologues formés, car le dépistage doit être systématique et accessible », a-t-elle insisté.
Le rôle du CHU reste, selon elle, celui du traitement curatif, tandis que la prévention et la détection doivent s’effectuer au niveau local, au plus près des citoyennes.
Une alerte mondiale selon l’OMS
Les données récentes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et du Centre international de recherche sur le cancer (IARC) confirment l’ampleur mondiale de la maladie :
- En 2022, le monde a enregistré 2,3 millions de nouveaux cas de cancer du sein et environ 670 000 décès.
- Cette pathologie représente un quart de tous les cancers féminins.
- Environ 0,5 à 1 % des cancers du sein concernent des hommes.
L’OMS souligne également de fortes inégalités selon le niveau de développement des pays : le taux de survie à 5 ans dépasse 90 % dans les pays à haut indice de développement humain, mais tombe à 66 % en Inde et autour de 40 % en Afrique du Sud.
Une initiative mondiale pour sauver 2,5 millions de vies
Face à ces écarts, l’OMS a lancé en 2021 la Global Breast Cancer Initiative (GBCI), un plan international visant à réduire la mortalité de 2,5 % par an d’ici 2040.
Cette stratégie, si elle est pleinement mise en œuvre, permettrait d’éviter environ 2,5 millions de décès supplémentaires dans le monde.
L’initiative repose sur trois piliers essentiels, à savoir la promotion de la santé et le dépistage précoce, pour détecter les tumeurs à un stade curable, le diagnostic rapide, garantissant un accès équitable à des examens fiables et la prise en charge complète, incluant le traitement, le suivi post-thérapeutique et les services de soutien aux patientes.
En Algérie, le message des spécialistes comme celui de la Docteure Achour rejoint celui de l’OMS : le dépistage sauve des vies.
Investir dans la prévention, la décentralisation du diagnostic et la formation des professionnels de santé est désormais indispensable pour inverser la tendance.
Le mois d’octobre, dédié mondialement à la sensibilisation au cancer du sein, rappelle plus que jamais que la bataille contre ce fléau est collective, continue et vitale.