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samedi 13 décembre 2025

Barrage vert : Une muraille anti-désert de 26 000 hectares

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L’Algérie se met à l’heure verte. À l’occasion de la Journée nationale de l’arbre, célébrée chaque année le 25 octobre, une nouvelle campagne nationale de reboisement a été lancée, avec un objectif inédit : planter plus d’un million de plants à travers le territoire national. Le coup d’envoi officiel a été donné simultanément dans les wilayas de Tizi Ouzou, Bouira et Bordj Bou Arreridj, selon Mme Sabrina Rachedi, directrice de la restauration des terres et du reboisement à la Direction générale des forêts (DGF).

Invitée de l’émission L’Invité du jour sur Radio Chaîne 3, Mme Rachedi a précisé que cette campagne tient compte de la diversité climatique du pays :

« Dans le Nord, nous visons le traitement des bassins versants pour lutter contre l’érosion hydrique et protéger les barrages de l’envasement. Dans les Hauts Plateaux, nous privilégions des espèces adaptées aux climats arides et semi-arides afin de freiner l’ensablement et la désertification. Quant au Sud, l’effort portera sur le renforcement des ceintures vertes pour protéger les routes, voies ferrées et agglomérations », a-t-elle expliqué.

Un enjeu national face à la désertification

En Algérie, la désertification progresse silencieusement : plus de 16 millions d’hectares de terres sont aujourd’hui considérés comme sensibles à ce phénomène, selon la DGF. Les zones arides et semi-arides, qui représentent près de 90 % du territoire, subissent une pression croissante liée aux changements climatiques, à la surexploitation des sols et à la rareté de l’eau.

Dans ce contexte, le reboisement n’est pas un simple acte symbolique, mais une stratégie écologique, économique et sociale à effets multiples. Il contribue à la stabilisation des sols, à la protection des territoires contre l’érosion et l’ensablement, à la séquestration du CO?, et favorise la création d’emplois ruraux tout en améliorant la biodiversité et les milieux de vie. Chaque arbre planté devient un maillon d’une chaîne de résilience face aux dérèglements climatiques.

Le Barrage vert, modèle de résilience climatique

Symbole historique de cette stratégie, le Barrage vert — ce vaste cordon forestier imaginé dans les années 1970 pour freiner l’avancée du Sahara — connaît aujourd’hui une renaissance concrète. Relancé le 29 octobre 2023, il a déjà permis de reboiser 26 000 hectares en moins d’un an.

Ce programme vise à allier développement durable et résilience climatique, en intégrant des approches plus scientifiques : choix d’espèces adaptées, restauration des sols, implication des populations locales et suivi écologique. Il s’agit de transformer un projet jadis expérimental en modèle régional de lutte contre la désertification, à la croisée de la recherche, de la gestion territoriale et de l’action communautaire.

Un objectif ambitieux : 16 % de couverture forestière

Le patrimoine forestier national couvre actuellement 4,1 millions d’hectares, soit à peine 2 % de la superficie totale du pays et 11 % de celle du Nord. La DGF ambitionne désormais d’atteindre la norme internationale de 16 % de couverture forestière.

Cet objectif traduit la volonté de reconstruire les écosystèmes et d’établir un équilibre écologique durable. Mais le chemin reste long, et chaque campagne de plantation s’inscrit dans une bataille de longue haleine où chaque arbre compte.

Planter ne suffit pas : entretenir et diversifier

Mme Rachedi insiste sur le fait que « le défi n’est pas de planter, mais de faire vivre les arbres. »

En effet, les précédents programmes ont parfois souffert de monocultures fragiles, d’un entretien insuffisant et du choix d’essences inadaptées aux conditions locales. Aujourd’hui, l’approche se veut plus raisonnée : diversité botanique, implication citoyenne, suivi post-plantation et intégration des projets dans le développement local.

L’incivisme, les incendies, le surpâturage et la déforestation illégale demeurent des menaces persistantes. D’où la nécessité d’une mobilisation collective et continue, afin de transformer le reboisement en un engagement de société et non en une opération saisonnière.

Un poumon vert pour les générations futures

En restaurant ses forêts et en reconstituant son Barrage vert, l’Algérie engage un combat stratégique pour la survie de ses terres et de ses ressources naturelles. Face à la désertification qui grignote du terrain chaque année, le reboisement devient un acte de souveraineté écologique et un pari sur l’avenir — celui d’un pays plus vert, plus résilient et plus durable.

L.R.

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