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vendredi 5 décembre 2025

Cryptomonnaies : Le régulateur met le cap sur la vigilance

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Entre innovation et risques invisibles, les actifs virtuels transforment l’économie numérique en terrain glissant. La Banque d’Algérie serre désormais la vis : sept opérations spécifiques passent sous haute surveillance bancaire, dans un cadre strict visant à protéger le système financier et à prévenir blanchiment et financement du terrorisme.

La Banque d’Algérie renforce son dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme en ciblant directement les cryptomonnaies et les jeux en ligne. À travers de nouvelles lignes directrices, le régulateur impose un contrôle accru aux banques et à Algérie Poste, et met fin à la prolifération de plateformes comme 1xBet, très utilisées dans le pays ces dernières années malgré l’interdiction.

Une nouvelle doctrine contre les actifs virtuels

Les mesures figurent dans les lignes directrices n°06/2025, datées du 12 novembre 2025 et émises par la Commission bancaire. Elles obligent désormais les établissements financiers à identifier, bloquer et interdire toute opération liée aux actifs virtuels, sous peine de sanctions.

Le texte définit ces actifs comme des « valeurs numériques » permettant échanges, transferts ou paiements, mais distingue clairement ces derniers des devises fiduciaires, des titres financiers ou des autres instruments classiques. Leur particularité : l’absence totale de garantie étatique, contrairement aux monnaies traditionnelles ou à l’or.

Cette nature décentralisée, rapide et sans intermédiaire explique leur attractivité, notamment pour les personnes non bancarisées. Mais elle en fait aussi un vecteur privilégié pour fraudeurs, blanchisseurs et réseaux criminels, avertit la Commission bancaire.

Une interdiction déjà existante, mais largement contournée

L’usage, la possession et les transactions en cryptomonnaies sont formellement interdits en Algérie. Pourtant, de nombreux utilisateurs continuent d’y recourir via des plateformes étrangères, en mobilisant leurs comptes bancaires ou postaux pour effectuer des paiements.

Ces lignes directrices viennent ainsi rappeler, et surtout renforcer, le cadre répressif en imposant aux banques un système de détection systématique et un refus automatique de toute relation d’affaires suspecte.

Seven red flags : les opérations qui déclenchent l’alerte

La Commission bancaire identifie sept scénarios à risque, que les établissements doivent désormais surveiller de manière rigoureuse dans le cadre du contrôle interne :

  1. Transactions vers des sites ou plateformes d’échange/de jeux utilisant des adresses IP inédites.
  2. Paiements vers des plateformes dont les IP sont liées au dark net.
  3. Tentative d’un client d’effectuer un paiement vers un site déjà signalé comme lié aux actifs virtuels.
  4. Virements répétitifs, même de petits montants, analysés selon cohérence et fréquence.
  5. Transactions provenant d’un compte récemment ouvert ou d’un compte dormant, ou dirigées vers un même site depuis plusieurs clients avec une IP commune.
  6. Concentration d’opérations répétitives vers une entité incompatible avec le profil ou l’historique du client.
  7. Virements atypiques sans lien apparent entre l’émetteur et le bénéficiaire, ou dépôts en espèces suivis de transferts multiples pouvant masquer une tentative de conversion en actifs virtuels.

Ces signaux doivent entraîner, selon les règles AML/CFT, un blocage immédiat et une déclaration de soupçon.

Des sanctions prévues pour les banques négligentes

Les nouvelles directives rappellent que les établissements financiers sont légalement responsables du respect de l’interdiction. En cas de manquement, des sanctions disciplinaires et financières peuvent être appliquées, conformément à la législation en vigueur.

Une offensive contre l’économie parallèle numérique

Avec ces mesures, les autorités algériennes adressent un message clair : ni les cryptomonnaies ni les jeux en ligne ne seront tolérés comme vecteurs financiers alternatifs. La Banque d’Algérie cherche à refermer les brèches qui permettaient jusque-là à ces opérations de prospérer en marge du système bancaire.

En mettant sous surveillance renforcée sept catégories d’opérations, le régulateur entend couper les circuits de financement opaques et réaffirmer la primauté de la souveraineté bancaire dans un contexte de digitalisation accélérée.

S.B.

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