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vendredi 5 décembre 2025

Sud vs Nord : L’Afrique fait entendre sa voix

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La première réunion du G20 organisée sur le sol africain marque un tournant diplomatique majeur et consacre la montée en puissance du continent sur la scène internationale. Pour l’expert en développement Abdelrahmane Hadef, invité de l’émission « invité du matin », ce choix de Johannesburg traduit clairement l’intégration pleine et entière de l’Union africaine au sein du G20 et confirme la reconnaissance internationale croissante du poids géostratégique de l’Afrique.

Selon lui, cette édition sud-africaine offre aux pays du Sud une tribune exceptionnelle pour réclamer une refonte en profondeur du système économique mondial, longtemps façonné par les grandes puissances occidentales. L’Algérie, l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Nigéria figurent parmi les États les plus actifs dans ce mouvement, plaidant pour un ordre international plus équitable et davantage respectueux des besoins du continent.

Hadef rappelle que le G20, né à la fin des années 1990 dans l’après-guerre froide, s’est imposé depuis la crise sanitaire de 2020 comme l’espace central de gestion des crises mondiales, qu’elles soient économiques, industrielles ou géopolitiques. Les répercussions de la guerre en Ukraine et l’embrasement du Moyen-Orient, notamment à Gaza, ont encore renforcé l’importance stratégique de ce forum.

L’instauration d’un ordre international plus juste

Pour les pays du Sud, cette édition de Johannesburg a représenté une nouvelle occasion d’exiger des réformes profondes du système international hérité de l’après-Seconde Guerre mondiale. L’expert évoque notamment la nécessité d’une démocratisation des mécanismes de décision, d’un meilleur accès à la santé, à la technologie et aux financements, ainsi que d’une révision du traitement de la dette extérieure, devenue un obstacle majeur au développement. Ces revendications s’inscrivent dans une dynamique marquée par un décalage de plus en plus visible entre les priorités des pays industrialisés et celles des nations à revenu faible ou intermédiaire.

L’Algérie, par la voix du Premier ministre Seifi Ghrib représentant le président Abdelmadjid Tebboune, a exprimé vigoureusement cette position. Elle a insisté sur l’urgence d’écouter les besoins de l’Afrique face aux défis environnementaux, à la pauvreté persistante et aux exigences d’un développement durable, tout en appelant à l’instauration d’un ordre international plus juste.

Sur le plan économique, Hadef souligne que la vision algérienne repose sur une stratégie de développement intégrée : renforcer les mécanismes de financement, favoriser les investissements étrangers, garantir le transfert technologique et moderniser les infrastructures industrielles, énergétiques et scientifiques. La formation des compétences locales et la montée en capacité des élites nationales constituent, selon lui, un pilier essentiel de cette transformation.

Concernant la dette, il rappelle que l’Afrique supporte aujourd’hui un fardeau de près de 1 400 milliards de dollars, un poids qui réduit drastiquement la marge de manœuvre des États et dépasse parfois les budgets alloués à des secteurs vitaux comme l’éducation, la santé ou l’énergie. L’Algérie plaide ainsi pour une révision radicale des mécanismes internationaux de gestion de la dette : annulation partielle, conversion en investissements productifs, réforme profonde des institutions financières internationales — Banque mondiale, FMI, BRICS Bank, BAD — et changement des critères de notation et de classification qui pénalisent les économies du Sud.

En conclusion, Hadef estime que la démarche algérienne met l’accent sur une exigence centrale : adapter les règles du jeu international aux réalités et aux défis propres à l’Afrique, afin que la voix du continent soit pleinement entendue dans la gouvernance mondiale.

S.B.

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