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vendredi 5 décembre 2025

Trump annonce : Les Frères musulmans sur la liste terroriste

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Le président américain Donald Trump a annoncé son intention de classer les Frères musulmans comme « organisation terroriste étrangère », une mesure qui s’inscrit dans un contexte international où plusieurs pays ont déjà pris des décisions similaires contre cette confrérie islamiste. Cette initiative pourrait transformer profondément le cadre légal et politique entourant le mouvement aux États-Unis.

Une offensive politique annoncée

Donald Trump a déclaré que « les documents finaux sont en cours de rédaction » et a promis que la classification serait formulée « en des termes très fermes et très forts ». Cette démarche s’inscrit dans une campagne plus large de lutte contre ce que le président considère comme une menace de l’islam politique.

Elle fait écho à l’action du gouverneur du Texas, Greg Abbott, qui a récemment désigné les Frères musulmans et le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) comme « organisations terroristes étrangères et criminelles transnationales ». Abbott a ordonné des enquêtes sur des tribunaux présumés de la charia, accusant certaines entités du nord Texas de contourner la législation américaine.

En réaction, des groupes musulmans ont porté l’affaire devant la justice fédérale, dénonçant une « proclamation inconstitutionnelle et diffamatoire » visant la branche texane du CAIR et, plus largement, le courant frériste.

Alors que Donald Trump annonce son intention de qualifier les Frères musulmans d’« organisation terroriste étrangère », il est utile de replacer cette démarche dans un contexte international. Plusieurs pays, notamment au Moyen-Orient et en Europe, ont déjà pris des mesures sévères à l’encontre de cette confrérie islamiste, souvent pour des motifs mêlant sécurité nationale et contrôle politique.

Égypte : le berceau historique du mouvement

Fondés en 1928, les Frères musulmans ont été déclarés « terroristes » par l’État égyptien dès 2013, peu après le renversement du président Mohamed Morsi, issu de la confrérie. En avril 2014, un décret gouvernemental a interdit toute promotion de leurs idées, assortie de sanctions allant jusqu’à l’emprisonnement et la confiscation de biens. Plus récemment, en décembre 2024, un tribunal pénal du Caire a reconfirmé cette classification pour cinq années supplémentaires, en inscrivant plusieurs dirigeants sur la « liste terroriste ». Selon Amnesty International, plus de 7 000 personnes ont été touchées depuis 2015, et le Freedom and Justice Party, bras politique des Frères musulmans, a été dissous.

Jordanie : durcissement récent et saisie des biens

Le 23 avril 2025, la Jordanie a interdit toutes les activités des Frères musulmans, fermé leurs bureaux et saisi leurs biens, invoquant des risques pour la sécurité nationale et des accusations de sabotage. Le Front d’action islamique (IAF), lié au mouvement, a été fragilisé. Des ONG dénoncent toutefois une atteinte à la liberté d’expression et à la participation politique légitime, soulignant le risque de marginalisation de certaines forces d’opposition.

Autres États concernés

La répression ne se limite pas au Moyen-Orient. En Russie, la Cour suprême a classé les Frères musulmans comme organisation terroriste dès 2003. En 2014, l’Arabie saoudite, Bahreïn et les Émirats arabes unis ont adopté des mesures similaires, invoquant la lutte contre l’islam politique. L’Autriche, en Europe, a interdit en 2021 toute diffusion de symboles ou publications liés au mouvement, tandis que la Syrie interdit la confrérie depuis la loi n°?49 de 1980, avec des peines sévères. Enfin, le Kazakhstan a inscrit l’organisation sur sa liste des groupes terroristes dès 2006.

Entre sécurité et politique

Dans de nombreux cas, ces interdictions répondent autant à des considérations politiques qu’à des enjeux sécuritaires. Les gouvernements visent à neutraliser un mouvement capable de contester l’ordre établi, dans des contextes souvent marqués par des tensions régionales ou des transitions politiques difficiles. Les mesures prises — arrestations, confiscations, restrictions des libertés — suscitent régulièrement des critiques de la part d’ONG et d’observateurs des droits humains.

Perspectives et implications

Si les États-Unis adoptent cette classification, elle pourrait renforcer la pression internationale sur la confrérie et légitimer des mesures similaires dans d’autres pays. Toutefois, cette démarche comporte des risques : marginaliser les partisans pourrait radicaliser certaines franges du mouvement, et les débats sur la liberté religieuse et l’expression politique pourraient s’intensifier.

L’expérience internationale montre que la lutte contre les Frères musulmans ne se limite pas à une question de sécurité : elle touche au cœur des enjeux politiques et idéologiques de chaque État, et toute décision américaine pourrait avoir des répercussions mondiales.

L’annonce de Trump ne constitue pas un geste isolé mais s’inscrit dans une dynamique mondiale où plusieurs pays ont déjà interdit les Frères musulmans pour des raisons à la fois sécuritaires, politiques et idéologiques. Comprendre ces précédents est essentiel pour évaluer les impacts d’une éventuelle désignation fédérale aux États-Unis sur le plan juridique, social et géopolitique.

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