Le quotidien saoudien Okaz, l’un des principaux journaux du royaume basé à Djeddah, a choisi de consacrer sa une à un phénomène social surprenant et préoccupant qui se manifeste dans les centres commerciaux : celui des « sugar daddies ». L’édition du 28 novembre du journal, sous le titre évocateur « Le sugar daddy des malls », met en lumière la dynamique de relations entre de jeunes femmes et des hommes nettement plus âgés et financièrement aisés.
Dans son article, Okaz décrit ce phénomène comme révélateur d’un « désordre psychologique » et d’un « narcissisme » chez certaines jeunes générations. Selon le journal, ces femmes recherchent des hommes quinquagénaires ou sexagénaires, capables de leur offrir un confort matériel sans limite. Les attentes sont variées et souvent très onéreuses : voyages luxueux, montres et bijoux de grande valeur, smartphones dernier cri, et même voitures de luxe, symboles de l’attention et de l’affection supposée du partenaire.
Le but recherché par ces jeunes femmes, explique le quotidien, est souvent de sécuriser un mariage qui leur garantirait non seulement une stabilité matérielle mais aussi une forme de « tranquillité d’esprit ». L’article insiste sur le fait que ces relations ne sont pas uniquement motivées par l’affection ou l’amour romantique, mais constituent plutôt une stratégie pour accéder à un statut social et financier avantageux, dans un contexte où la sécurité économique et le confort matériel sont fortement valorisés.
Okaz souligne également que ce phénomène n’est pas isolé à l’Arabie saoudite. Il est observable dans plusieurs pays arabes, où l’on note une transformation des espaces commerciaux en lieux de rencontre sociale, motivés par des intérêts matériels plus que sentimentaux. Ces interactions reflètent, selon le quotidien, une évolution des comportements sociaux et des rapports de pouvoir entre les générations, mettant en lumière les tensions entre modernité, traditions et aspirations individuelles.
L’article attire l’attention sur les répercussions sociales et psychologiques de ce phénomène. Le journal évoque un déséquilibre émotionnel pour certaines jeunes femmes, qui, en privilégiant les avantages matériels, pourraient développer une vision superficielle des relations. De plus, il souligne la responsabilité de la société et des familles dans la prévention de comportements motivés par l’argent plutôt que par des liens affectifs sincères.
Enfin, Okaz plaide pour une réflexion collective sur les transformations sociales dans les sociétés modernes, notamment sur la manière dont les centres commerciaux et les environnements urbains influencent les comportements des jeunes. Le journal appelle à un dialogue sur les valeurs relationnelles, l’indépendance financière des jeunes femmes et les effets à long terme de ces pratiques sur la société.
Ce papier, riche en témoignages et observations sociologiques, illustre comment des phénomènes apparus dans d’autres parties du monde trouvent désormais écho dans les sociétés du Golfe, transformant les centres commerciaux en espaces à la fois commerciaux, sociaux et symboliques, où se mêlent aspirations matérielles et dynamiques relationnelles nouvelles.



