L’économie algérienne poursuit sa progression et attire de nouveau l’attention d’institutions financières internationales. Dans son dernier rapport sur la situation économique du pays (automne 2025), la Banque mondiale souligne que l’Algérie renforce sa compétitivité « dans un environnement mondial en mutation », tout en mettant en avant la dynamique des secteurs hors hydrocarbures.
Au premier semestre 2025, le pays a enregistré une croissance de 4,1 %. Pour l’ensemble de l’année, la Banque mondiale prévoit une progression du produit intérieur brut (PIB) de 3,8 %. Les secteurs hors hydrocarbures affichent une performance remarquable avec une croissance de 5,4 %, portée par l’essor des industries et des services, alors que les exportations d’hydrocarbures ont reculé.
Le rapport précise que la croissance hors hydrocarbures devrait rester soutenue, bien qu’un léger ralentissement soit attendu pour 2026 et 2027. La Banque mondiale projette un PIB en hausse de 3,5 % en 2026 et de 3,3 % en 2027, traduisant une économie capable de maintenir son rythme malgré la baisse de certaines exportations.
Inflation et stabilité macroéconomique
Autre signe positif, l’inflation a reculé à 1,7 % sur les neuf premiers mois de 2025, soutenue par la baisse des prix des denrées alimentaires et le maintien d’un taux de change stable. Ces indicateurs témoignent d’une maîtrise relative des pressions sur les prix et d’un environnement macroéconomique rassurant pour les investisseurs et consommateurs.
Creusement du déficit au premier semestre 2025
Cependant, la Banque mondiale alerte sur un creusement significatif du déficit extérieur. La baisse des exportations d’hydrocarbures, combinée à une augmentation des importations stimulée par la demande d’investissement, a exercé une pression notable sur la balance extérieure.
Selon le rapport, le déficit extérieur a atteint 10,5 milliards USD au premier semestre 2025, contre 2,9 milliards USD en 2024, reflétant la baisse des volumes et des prix d’exportation d’hydrocarbures et la hausse dynamique des importations liées à l’investissement. Les réserves de change, qui s’établissaient à 16,4 mois d’importations fin 2023, ont diminué à 15 mois fin 2024 et auraient encore reculé au premier semestre 2025.
Le rapport rappelle que l’Algérie avait enregistré en 2024 son premier déficit en trois ans, conséquence directe de la réduction de la production et des exportations d’hydrocarbures, liée aux quotas fixés par l’OPEP. La Banque mondiale insiste sur l’importance de maintenir « les efforts de mobilisation des recettes et d’amélioration de l’efficacité de la dépense publique » pour contenir ces pressions.
Le rôle clé du secteur privé et des réformes
Cemile Hacibeyoglu Ceren, représentante résidente du Groupe de la Banque mondiale en Algérie, a souligné le rôle potentiel du secteur privé pour soutenir la croissance. « Alors que l’Algérie renforce sa compétitivité dans un environnement mondial en mutation, le pays peut s’appuyer sur ses progrès récents pour avancer vers une croissance plus rapide, portée par le secteur privé, créatrice d’emplois de qualité et favorable à l’innovation », a-t-elle déclaré.
Elle a ajouté que des politiques claires et prévisibles, associées à des mesures incitant à l’investissement et à l’innovation, sont essentielles pour consolider les progrès accomplis et renforcer la compétitivité nationale. Le rapport insiste sur l’importance « déterminante » de poursuivre les réformes, notamment celles visant à améliorer le climat des affaires, faciliter l’accès au financement et renforcer la concurrence, en vue de soutenir la diversification économique et la création d’emplois.
Daniel Prinz, économiste de la Banque mondiale pour l’Algérie, a quant à lui salué la performance des secteurs hors hydrocarbures et l’allègement des pressions sur les prix comme « des signaux encourageants ». Il souligne que le maintien de ces avancées, grâce à la poursuite des réformes, pourrait permettre au pays d’atteindre une croissance plus vigoureuse, durable et diversifiée.
