L’Algérie s’engage résolument sur la voie du soutien à l’initiative individuelle. Samedi, la bibliothèque principale de lecture publique Mustapha Netour de Constantine a accueilli une journée d’étude consacrée au rôle de l’ANGEM (Agence nationale de gestion du microcrédit) dans le développement économique local et national. Une rencontre intersectorielle, riche en échanges, qui illustre l’importance croissante accordée à la microentreprise dans les politiques publiques algériennes.
Autour de la table, des représentants des secteurs de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur, des banques, des assurances, des services agricoles, ainsi que des médias et de la société civile. Tous réunis pour réfléchir au rôle stratégique de l’ANGEM dans la transformation du tissu économique national.
Un écosystème d’appui aux jeunes porteurs de projets
Dans son discours inaugural, Lokmane Messaoudene, directeur de l’emploi, a souligné la montée en puissance des opportunités offertes aux jeunes. Financement, accompagnement, formation : autant de leviers désormais activés pour encourager l’esprit d’initiative chez les jeunes Algériens.
Une dynamique confirmée par Karim Draoui, directeur régional de l’ANGEM, qui a détaillé les efforts de l’agence pour répondre aux besoins spécifiques des porteurs de projets, dans un environnement économique de plus en plus concurrentiel. « Nous devons accompagner cette jeunesse qui innove, qui s’adapte, qui ose », a-t-il martelé, évoquant notamment la convention signée avec Algérie Télécom pour ouvrir l’investissement dans la fibre optique aux jeunes diplômés.
La microentreprise au centre d’un projet national
Cette rencontre s’inscrit dans une stratégie gouvernementale plus large, qui fait de la microentreprise un pilier de la relance économique et de la lutte contre le chômage. Le plan du gouvernement prévoit, à moyen terme, la création de deux millions de microentreprises, un objectif ambitieux qui repose sur la mobilisation de plusieurs dispositifs publics, dont l’ANGEM constitue l’un des bras opérationnels majeurs.
L’État a multiplié les incitations fiscales, les facilitations administratives et les mécanismes de financement à taux bonifiés pour encourager les jeunes à se lancer. L’accès au crédit solidaire, l’allègement des garanties bancaires, et l’accompagnement technique en amont et en aval du projet font désormais partie intégrante de la politique de promotion de la microentreprise.
Pour Samy Hebbache, directeur de l’agence ANGEM de Constantine, le défi est aussi organisationnel : « Le monde change à une vitesse vertigineuse. Il faut des dispositifs flexibles, capables de s’adapter aux besoins émergents, aux nouvelles filières et aux aspirations des jeunes. »
Les intervenants ont ainsi appelé à une refonte des modes de gestion, une plus grande ouverture sur les créneaux innovants (économie numérique, énergies renouvelables, artisanat technologique), et à un renforcement des synergies interinstitutionnelles. Car derrière l’objectif des deux millions de microentreprises se joue la transformation du modèle économique algérien, avec une économie plus inclusive, décentralisée et réactive.
Une volonté de rupture avec le passé
En filigrane, cette journée d’étude marque aussi une rupture avec une vision administrative et centralisée de la politique de l’emploi. L’État ne se contente plus d’assister, il veut désormais impulser, accompagner et valoriser l’initiative individuelle. La microentreprise devient ainsi un outil de souveraineté économique, un moyen de lutter contre le chômage, mais aussi de réduire la dépendance aux hydrocarbures.
La rencontre de Constantine, appelée à être suivie par d’autres, trace les contours d’un changement de paradigme : faire de l’Algérie un pays d’entrepreneurs, où chaque jeune peut transformer une idée en réalité, un rêve en activité, une passion en profession.
L.R.