12.1 C
Constantine
mardi 28 octobre 2025

Coopération : L’axe Rome–Alger redessine la Méditerranée

Must read

C’est dans un climat de convergence politique et économique que s’est tenue, à Rome, la cinquième rencontre intergouvernementale entre l’Algérie et l’Italie. Le président Abdelmadjid Tebboune a été reçu avec les honneurs par la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, scellant ainsi une relation bilatérale désormais érigée au rang de partenariat stratégique. Cette visite officielle, ponctuée par la signature de nombreux accords, vient consacrer une dynamique déjà bien établie, notamment dans le domaine énergétique.

L’Italie et l’Algérie, unies par une histoire de coopération ancienne remontant aux années 1950, renforcent aujourd’hui leurs liens sur fond de recomposition des équilibres géoénergétiques mondiaux. La guerre en Ukraine ayant bouleversé l’approvisionnement européen en gaz, Rome s’est tournée résolument vers Alger. L’Algérie est ainsi devenue le premier fournisseur de gaz naturel de l’Italie, assurant désormais plus du tiers des besoins de la péninsule. Le partenariat entre Sonatrach et ENI, scellé le 7 juillet dernier à Alger par un contrat de partage de production d’une durée de trente ans, témoigne de cette intensification. Ce contrat, d’un montant de 1,35 milliard de dollars, ouvre la voie à de nouvelles explorations et exploitations d’hydrocarbures sur le sol algérien.

Mais au-delà de l’énergie, cette rencontre romaine a donné lieu à la signature de plus d’une dizaine d’accords gouvernementaux, allant de la lutte contre le terrorisme à la coopération culturelle, en passant par les migrations illégales et la défense. Une trentaine d’accords commerciaux ont également été paraphés. L’agro-industrie, l’industrie pharmaceutique, les transports, les infrastructures, mais aussi les télécommunications, notamment les licences 5G, font désormais partie des nouveaux terrains d’échange entre les deux rives de la Méditerranée. Plus de 400 entreprises ont participé au forum économique organisé en marge du sommet, traduisant l’ampleur des ambitions partagées.

Premier client, deuxième fournisseur

Avec près de 14 milliards d’euros d’échanges commerciaux annuels et des investissements italiens en Algérie dépassant les 8,5 milliards, Rome s’impose comme le premier client et le deuxième fournisseur d’Alger. L’Italie devance désormais des partenaires historiques comme la France, l’Espagne ou l’Allemagne. Ce positionnement s’inscrit dans une stratégie plus large : faire de l’Italie la passerelle naturelle entre l’Europe et l’Afrique. Une vision articulée autour du « Plan Mattei », en référence à Enrico Mattei, fondateur charismatique de l’ENI et fervent soutien de l’indépendance algérienne. Ce plan vise à développer le continent africain en profondeur, en s’appuyant sur des partenariats mutuellement bénéfiques, capables aussi de juguler les causes profondes de l’émigration.

Lors de son intervention au forum, le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a souligné la vocation durable de cette alliance, évoquant la nécessité de construire un partenariat « toujours plus vaste, plus solide et plus diversifié ». De son côté, la vice-présidente de Confindustria, Barbara Cimmino, a estimé que les exportations italiennes vers l’Algérie pourraient croître à court terme de près de 300 millions d’euros et atteindre, à long terme, un potentiel supérieur à deux milliards. Les secteurs les plus porteurs, selon elle, seraient la construction mécanique, la chimie et les métaux.

Plusieurs protocoles d’accord signés

Au cours de cette visite, il a été procédé ainsi à la signature d’un accord dans le domaine de la production cinématographique, d’un autre dans le domaine de l’agriculture et de la pêche, ainsi que dans les domaines des postes et télécommunications, de la lutte contre les incendies et dans le domaine de la protection des personnes handicapées.

 Un protocole d’accord entre la Société italienne de promotion des investissements et l’Agence algérienne de promotion des investissements a été également a été signé à l’occasion, indique la même source. Le groupe Sonatrach et l’entreprise italienne ENI ont procédé aussi à la signature d’un protocole d’accord, souligne la télévision algérienne.

A l’heure où l’Europe reconfigure ses priorités géostratégiques et économiques, la relation entre Rome et Alger s’impose comme une alliance d’avenir. Elle ne se limite plus à la seule dépendance énergétique mais s’étend désormais à l’innovation technologique, à la sécurité régionale et à la refondation d’un dialogue euro-africain plus équitable. L’Italie, forte de sa proximité géographique et de sa compréhension historique de la Méditerranée, entend jouer le rôle de trait d’union. L’Algérie, quant à elle, affirme sa place centrale dans les équilibres du sud méditerranéen. Une convergence d’intérêts qui, plus que jamais, semble s’inscrire dans la durée.

L.R.

- Advertisement -spot_img

More articles

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

- Advertisement -spot_img

Latest article