À partir de septembre 2025, l’Algérie augmentera sa production pétrolière à 959.000 barils par jour, frôlant ainsi le seuil symbolique du million de barils quotidiens. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une coordination stratégique au sein du groupe restreint de l’Opep+, réunissant huit producteurs majeurs de brut : Algérie, Arabie Saoudite, Irak, Russie, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et Kazakhstan.
L’annonce a été faite ce dimanche 3 août 2025, à l’issue d’une réunion ministérielle tenue par visioconférence, dans un contexte où les marchés pétroliers sont à nouveau sous pression, tiraillés entre instabilités régionales, ajustements volontaires de production, et influences géopolitiques extérieures.
Des cours du brut sous pression, loin des sommets post-Ukraine
Depuis le pic des 120 dollars le baril atteint en 2024 au lendemain de l’élargissement du conflit en Ukraine, les prix du pétrole brut sont retombés autour des 70 dollars. Ce recul s’explique par un ralentissement de la demande mondiale, notamment en Chine, mais aussi par une reconfiguration des flux énergétiques liés à la transition énergétique en Occident.
En parallèle, plusieurs foyers de tension – en particulier au Moyen-Orient et dans la mer Rouge – ont provoqué une volatilité accrue des marchés, bien que sans entraîner, jusqu’ici, de flambée durable des prix. Les capacités inutilisées dans le Golfe, la reprise partielle de la production libyenne et les approvisionnements russes contournant les sanctions via des circuits parallèles maintiennent une pression baissière sur les cours.
Les États-Unis en coulisse : pression discrète mais persistante
Face à une inflation domestique toujours sensible à la pompe, Washington multiplie les pressions diplomatiques sur ses alliés du Golfe pour qu’ils rouvrent les vannes. En coulisse, les Émirats, l’Arabie Saoudite et le Koweït sont régulièrement sollicités pour ajuster leur politique de quotas dans un sens favorable aux consommateurs, notamment en amont des élections américaines de novembre 2026.
Ces demandes entrent parfois en conflit avec les intérêts des pays producteurs, soucieux de maintenir les prix à un niveau suffisamment élevé pour soutenir leurs budgets nationaux, particulièrement ceux dépendants fortement des revenus pétroliers comme l’Algérie.
Une hausse modeste, mais stratégique pour l’Algérie
Dans cette conjoncture tendue, l’Algérie obtient une hausse de son quota de production de 11.000 barils/jour, sur un total de 547.000 b/j pour l’ensemble du groupe des 8. Cette augmentation portera la production nationale du Sahara Blend à 959.000 b/j dès septembre, marquant la troisième hausse consécutive après celles de 9.000 b/j en mai et de 12.000 b/j en juillet.
Si cette progression reste modeste en volume absolu, elle s’inscrit dans une logique de repositionnement stratégique. Alger vise à consolider sa part de marché, tout en maximisant ses recettes en devises, vitales dans un contexte de déficit budgétaire et de baisse progressive de la production des champs matures.
Une Opep+ resserrée, à la recherche d’une cohésion renouvelée
Le groupe des 8, noyau dur de l’Opep+ élargie, cherche à mieux contrôler l’offre mondiale après avoir amorcé une relance coordonnée de la production. Celle-ci vise à réintroduire progressivement les 2,2 millions de barils/jour retirés du marché en 2022 dans un effort de stabilisation.
Une réunion de suivi est prévue le 7 septembre 2025, avec pour objectif de renforcer la concertation, assurer le respect des engagements, et mettre en œuvre les mécanismes de compensation en cas de non-conformité.
Entre stratégie énergétique et diplomatie pétrolière
L’augmentation de la production décidée par l’Algérie ne peut être lue uniquement sous un prisme économique. Elle reflète un équilibre délicat entre souveraineté énergétique, engagements multilatéraux et rapports de force géopolitiques.
Alger, à l’instar d’autres producteurs intermédiaires, joue une carte subtile : satisfaire ses besoins internes de revenus, tout en maintenant de bonnes relations avec ses partenaires arabes, la Russie et – dans une moindre mesure – les États-Unis.
L.R.



