Constantine s’apprête à vibrer aux sonorités du Malouf à l’occasion de la 13? édition du Festival culturel international dédié à ce patrimoine musical ancestral. L’événement se déroulera du 20 au 24 septembre au Théâtre régional Mohamed-Taher Fergani, sous le slogan : « Le Malouf, de l’école à l’universalité ».
Lors d’une conférence de presse organisée samedi, le commissaire du festival, Ilyès Benbakir, a dévoilé les grandes lignes d’un programme à la fois riche et tourné vers l’ouverture. Plus de 140 artistes, musiciens et chanteurs, venus d’Algérie et d’une dizaine de pays étrangers, prendront part à cette édition, témoignant de la dimension internationale que cherche à renforcer ce rendez-vous culturel.
Constantine, berceau et carrefour du Malouf
Le choix de Constantine n’est pas fortuit : la ville, surnommée « capitale du Malouf », est considérée comme le principal foyer de ce genre musical savant en Algérie. Héritier direct de la tradition andalouse transmise par les réfugiés andalous installés au Maghreb à partir du XVe siècle, le Malouf s’est enraciné à Constantine, où il a trouvé un terreau fertile.
Au fil des siècles, cette musique, caractérisée par ses noubas structurées, son raffinement poétique et l’usage d’instruments emblématiques tels que le violon, le qanoun ou le rebab, a façonné l’identité culturelle de la cité des ponts suspendus. Des figures comme Mohamed Tahar Fergani, maître incontesté du Malouf, mais aussi Salim Fergani ou encore Mohamed El-Arbi Ben Smaïl, ont contribué à asseoir la réputation internationale de Constantine comme un haut lieu de transmission et d’innovation musicale.
Un festival au service de la préservation et de la transmission
Placé sous le signe de la proximité, le festival ne se limite pas aux représentations au TRC. Des concerts et spectacles auront lieu dans plusieurs wilayas, dont Skikda, Guelma, Mila et Alger, ainsi qu’à la Maison de la culture Malek-Haddad de Constantine. Cette démarche vise à démocratiser l’accès au Malouf et à le rapprocher des jeunes générations, tout en consolidant son rayonnement national.
Le commissaire a insisté sur le rôle du festival comme plateforme d’accompagnement des porteurs de projets artistiques. En ouvrant la scène aux musiciens émergents, le festival entend préserver cet héritage tout en l’adaptant aux sensibilités contemporaines, afin que le Malouf ne demeure pas un art muséal mais un patrimoine vivant.
Hommages et ouverture internationale
L’événement sera marqué par des séquences d’hommage rendues aux figures emblématiques du Malouf : Mohamed Taher Fergani, Taher Gharssa, Brahim Amouchi, Noubli Fadel, Amar Touhami et Salim Fergani, dont l’apport demeure essentiel à la consolidation de ce patrimoine immatériel.
En parallèle, la participation d’artistes venus de divers horizons confère à l’événement une dimension interculturelle. Cette ouverture illustre la capacité du Malouf à dialoguer avec d’autres traditions musicales, consolidant ainsi sa vocation universelle.
Les participants auront également l’occasion de découvrir le riche patrimoine architectural et historique de Constantine, carrefour millénaire de civilisations, où la musique, la poésie et le savoir ont toujours occupé une place centrale.
Une passerelle entre tradition et modernité
Avec cette 13? édition, le Festival international du Malouf confirme sa mission : ancrer profondément le Malouf dans le patrimoine immatériel algérien, tout en lui ouvrant de nouveaux horizons. En l’inscrivant dans une dynamique internationale, Constantine réaffirme son rôle de capitale culturelle et carrefour de rayonnement artistique.
L.R.