“ Pour relever les défis actuels, le secteur est appelé à entreprendre une révolution en profondeur, fondée sur le savoir, les technologies modernes et la mobilisation des jeunes compétences ”, a déclaré hier le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Yacine El-Mahdi Oualid, durant les travaux du 6? Forum national pour le développement des cultures céréalières d’hiver qui s’est tenu à la Maison de la culture Malek Haddad de Constantine.
Et de souligner que le secteur agricole doit relever un défi de taille en conjuguant rendement et utilisation rationnelle des ressources, une ambition qui ne peut se concrétiser qu’à travers une modernisation profonde, une appropriation des modèles performants à l’échelle mondiale mais aussi un pari résolu sur le capital humain.
Le premier responsable du secteur agricole a annoncé que la conférence nationale sur l’agriculture, programmée pour la fin octobre prochain, sera l’occasion de redéfinir les perspectives du secteur en Algérie et d’évaluer l’efficacité des programmes engagés jusqu’à présent.
Lors de son allocution, le ministre a salué les résultats exceptionnels obtenus cette année à Constantine en matière de production céréalière la plaçant parmi les pôles agricoles majeurs du pays. Il a également tenu à mettre à l’honneur l’ensemble des agriculteurs qui y ont contribué, malgré les nombreuses contraintes auxquelles ils ont été confrontés, rappelant que ces performances s’inscrivent dans l’objectif stratégique de renforcer la sécurité alimentaire nationale.
Accompagnement des agriculteurs et des investisseurs
En outre, M. Yacine El-Mahdi Oualid a également pointé du doigt les lacunes qui persistent dans les relations entre son département, les agriculteurs et les investisseurs, soulignant la nécessité de lever ce mur. Il a assuré que des mesures concrètes seront engagées afin de renforcer le dialogue, rapprocher les acteurs du secteur et instaurer un climat propice à l’investissement et à la modernisation de l’agriculture.
Et d’insister sur la nécessité de redoubler d’efforts pour accompagner les agriculteurs, notamment sur le plan des aspects techniques et à travers les champs de démonstration lancés à Constantine, appelés à être généralisés afin d’identifier les meilleures variétés de semences et les engrais les plus adaptés aux conditions climatiques. Il a également évoqué le vaste projet national de mise en valeur de plus d’un million d’hectares dans le Sud, un plan qui s’inscrit dans une vision stratégique visant à stimuler la production agricole, créer des emplois, attirer des investissements étrangers et contribuer au produit intérieur brut en lançant par là même un appel aux investisseurs intéressés à rejoindre cette dynamique par l’intermédiaire de l’Office national de développement de l’agriculture en leur assurant l’accompagnement et les facilités nécessaires pour concrétiser ce projet d’envergure, qui ambitionne de renforcer la sécurité alimentaire du pays.
Constantine, pôle agricole majeurs du pays
De son côté, le chef de l’exécutif local, Abdelkhalek Sayouda, a saisi l’occasion de ce forum pour mettre en exergue les chiffres obtenus dans la capitale de l’Est, classée première au niveau national en termes de production céréalière avec près de 2,1 millions de quintaux, dont 1,28 million de quintaux de blé dur, sur une superficie emblavée de 90 200 hectares précisant qu’à ce jour, 1,84 million de quintaux ont été déposés dans les silos et l’opération se poursuivra jusqu’au 30 septembre.
Par ailleurs, le wali a déclaré que le nombre d’agriculteurs n’ayant pas encore livré leurs récoltes aux structures locales de l’Office interprofessionnel des céréales (OAIC), au titre de la saison agricole 2024-2025 est de 220 auxquels des mises en demeure ont été assignées surtout qu’ils ont bénéficié de toutes les aides de l’État.
Les travaux de cette rencontre qui s’étalent sur deux jours visent à favoriser l’échange de connaissances et d’expériences pour développer et améliorer la production de cette filière stratégique entendant stimuler la compétitivité entre producteurs et promouvoir les techniques innovantes permettant d’atteindre une productivité durable.
La rencontre a ainsi réuni une multitude de chercheurs, d’experts et de professionnels qui vont se pencher sur l’élaboration d’une stratégie nationale en vue de dynamiser et développer ce secteur clé. Parmi les intervenants, le Pr. Ali Daoudi, agroéconomiste et enseignant-chercheur à l’ENSA ( École Nationale Supérieure Agronomique) sur “ La productivité céréalière en Algérie: Enjeux, limites et perspectives réalistes ”.
L’expert a indiqué qu’en vingt-cinq ans d’intensification, la filière céréalière algérienne a gagné +7,5 q/ha et vu émerger des producteurs performants, y compris un pôle sudiste de 140 000 ha à 45 q/ha en restant tout de même marquée par une production instable, des années déficitaires, la prédominance de céréales extensives et l’absence de mécanismes efficaces contre la sécheresse ou pour améliorer les sols. Et de mettre en lumière les perspectives réalistes pour la filière céréalière à l’horizon 2035 avec la fixation de deux objectifs stratégiques : accroître les rendements et réduire leur variabilité.
A noter qu’un vibrant hommage a été rendu à feu Mahmoud Belebdjaoui, ancien président de la Chambre d’agriculture et figure marquante du secteur durant la cérémonie d’ouverture avec la projection d’un documentaire retraçant son parcours et ses contributions majeures avant qu’une distinction ne soit remise à sa famille en reconnaissance de son engagement et de son œuvre.
Soumeya B.M
