L’Algérie mise résolument sur la désalinisation de l’eau de mer pour sécuriser ses ressources hydriques et répondre aux besoins croissants de sa population, de son agriculture et de son industrie. Selon Hamza Boughadi, directeur de l’Institution des études économiques et du développement des entreprises, l’État a engagé une politique proactive pour anticiper les impacts du changement climatique et les pressions démographiques.
Lors de son intervention dans l’émission « Invité du matin » sur la Première chaîne, Boughadi a révélé que 19 projets de désalinisation sont déjà en cours dans le pays, dans le cadre d’un plan national visant à renforcer l’autonomie hydrique. Les données officielles indiquent que 41 % de la production nationale d’eau provient désormais de l’eau de mer, une proportion qui pourrait garantir un niveau significatif d’autosuffisance dans la prochaine décennie, voire avant.
Le responsable a souligné que ces projets sont devenus très attractifs pour les investisseurs et bénéficient d’un soutien bancaire important, car ils représentent un secteur rentable et durable. La mise en place de ces infrastructures a stimulé le développement des entreprises locales de services et de maintenance, augmentant ainsi la valeur ajoutée locale et créant un climat favorable à l’investissement.
Vers une gestion rationnelle de l’eau
L’Algérie dispose aujourd’hui de 80 barrages, construits au cours des dernières décennies, mais beaucoup nécessitent des études de terrain approfondies pour optimiser leur rendement. Boughadi propose un maillage technique entre barrages et stations de désalinisation afin d’augmenter la capacité de stockage actuelle, estimée à 8 milliards de mètres cubes.
Pour lui, les priorités immédiates incluent le développement des réseaux de distribution, l’augmentation des capacités de stockage et le contrôle des chaînes d’approvisionnement, insistant sur le fait que la durabilité des projets constitue la clé de leur succès. Il a également critiqué le gaspillage des eaux pluviales, souvent perdues dans des systèmes traditionnels de drainage, et a plaidé pour l’adoption de technologies modernes d’absorption et de stockage.
Autosuffisance agricole et compétitivité
Sur le plan économique, Boughadi a salué les progrès accomplis dans la relance de l’économie nationale, soulignant que le pays a atteint un taux d’autosuffisance de 70 % pour certaines productions agricoles. Il a rappelé que le développement industriel nécessite un approvisionnement en eau abondant, tout en insistant sur la nécessité pour l’Algérie de mener une « guerre des coûts » pour imposer ses produits sur le marché international.
Le rôle stratégique de la jeunesse et de l’innovation
Pour Boughadi, l’Afrique est la « continent de l’avenir », avec plus de 1,4 milliard d’habitants nécessitant des solutions innovantes dans tous les secteurs. À cet égard, le Forum africain des start-ups, prévu en novembre en Algérie, constitue selon lui une opportunité majeure pour dynamiser l’économie numérique grâce aux partenariats entre jeunes entreprises.
Le responsable a enfin souligné que le gouvernement accorde une importance capitale à la jeunesse, avec environ 300 000 diplômés universitaires chaque année, armés d’une culture entrepreneuriale et scientifique, capables de propulser l’innovation et de soutenir la croissance économique durable.
L.R.



