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samedi 6 décembre 2025

Le métal jaune en folie : L’âge d’or …de l’or !

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Depuis quelques mois, les métaux précieux défient la gravité des marchés. Entre tensions géopolitiques, transition énergétique et spéculation fébrile, le métal jaune vient de franchir des sommets historiques — plus de 4 300 $ l’once —, propulsant dans son sillage argent et platine. Un mouvement planétaire où l’écologie et la finance se mêlent dans une danse inédite.

L’or a brutalement franchi cette année un palier symbolique — puis un autre. Après un record atteint le 20 octobre, au-delà de 4 300 dollars l’once, le métal jaune n’a cessé d’osciller autour de niveaux inédits, attirant épargnants, États et voleurs. Mais derrière la frénésie dorée se cache une réalité moins attendue : la transition énergétique, avec ses besoins industriels et ses nouvelles logiques de souveraineté, a installé les métaux précieux au cœur du Green Deal mondial.

Un trio gagnant : or, argent, platine

Sur la scène financière, l’or n’est plus seul à faire la course. L’argent, historiquement plus volatile, a pulvérisé des records et enregistre une progression spectaculaire cette année — de l’ordre de +70 % depuis janvier selon plusieurs relevés de marché — porté à la fois par la demande industrielle (électronique, panneaux solaires, batteries) et par les flux spéculatifs.

Le platine, longtemps relégué derrière ses pairs, est devenu le véritable outsider : il a bondi d’environ 80 % depuis le début de l’année, dépassant parfois l’or et l’argent en termes de performance relative. Cette montée reflète une combinaison de facteurs structurels — déficit d’offre, investissements en substitution métallurgique et afflux d’achats d’investissement — qui repositionne le métal blanc comme un acteur clé des technologies propres.

COP30 : un catalyseur politique et médiatique

La flambée survient à quelques jours seulement du sommet climatique COP30, qui se tiendra à Belém du 10 au 21 novembre 2025. L’agenda politique mondial pèse désormais sur les marchés : les décideurs discutent de stratégies d’électrification, d’approvisionnement en minerais critiques et d’incitations à la circularité — autant de mesures susceptibles d’accentuer la demande pour des métaux rares et précieux au cœur des technologies décarbonées.

Autrement dit, la conférence ne se résume pas aux seules trajectoires d’émissions : elle acte aussi la reconnaissance d’un nouveau défi industriel — sécuriser l’accès aux matières premières nécessaires à la transition. Ce contexte politique alimente, à court terme, la nervosité des prix et, à moyen terme, les arbitrages stratégiques des États et entreprises.

Pourquoi l’énergie verte fait flamber les métaux précieux

Plusieurs mécanismes expliquent l’irruption du secteur énergétique dans le prix des métaux :

• Demande industrielle accrue. L’équipement des filières solaires, des réseaux intelligents, des électrolyseurs pour l’hydrogène et de certains composants automobiles fait appel à des métaux tant pour leurs propriétés électriques que pour leur résistance à la corrosion. Argent et platine, par exemple, sont utilisés dans des composants critiques.

• Souveraineté et stocks stratégiques. Face à l’instabilité géopolitique et monétaire, les banques centrales et États reconstituent ou diversifient leurs réserves, y compris en actifs tangibles — l’or restant la référence du secteur public et privé pour la préservation de richesse. Les achats institutionnels soutiennent les cours et réduisent l’offre disponible pour le marché privé.

• Spéculation et portage. Dans un environnement d’incertitude (conflits, tensions commerciales, perspectives de baisse des taux), les métaux précieux offrent un refuge perçu et un instrument de couverture inflationniste qui attire fonds et investisseurs particuliers.

Chronologie d’une envolée : du 3 500 $ à l’hystérie des records

La trajectoire des derniers mois est rapide, presque verticale. Début septembre, l’or franchissait pour la première fois les 3 500 dollars l’once. Les projections des grandes banques — parfois jugées prudentes — ont été rapidement dépassées : Goldman Sachs et JP Morgan avaient évoqué des paliers à quelques centaines de dollars de là, mais le marché est allé plus vite que les prévisions, touchant un sommet historique avant de connaître de courtes corrections. Les analystes continuent de juger la tendance haussière, certaines maisons de marché estimant un potentiel pour l’or proche de 4 600–5 000 dollars l’once à moyen terme.

Effets collatéraux : braquages, assurance et comportements d’épargne

La flambée des cours n’est pas circonscrite aux salles de marché. Le prix élevé de l’or a des effets sociaux immédiats : hausse des vols à l’arraché de bijoux, incidence sur les assurances et sur la politique des bijoutiers (réévaluation des garanties, contrôle renforcé des stocks). Dans plusieurs villes européennes, on observe une recrudescence des agressions visant des colliers en or, phénomène directement corrélé à la valeur marchande d’une simple chaîne. Au-delà de la criminalité, les ménages se tournent davantage vers l’or physique et les instruments liés, modifiant les flux d’épargne traditionnels. (données d’actualité et reportages locaux).

Banques centrales : retour massif aux réserves tangibles

Les banques centrales ont joué un rôle majeur dans l’histoire récente du métal jaune. En 2024 et 2025, elles ont absorbé une part croissante de la production mondiale, contribuant à la tension sur l’offre. Cette logique : diversifier des réserves historiquement dominées par des devises convertible en dette, vers un actif hors bilan souverain, tangible et liquide. Le retournement est ancien mais son ampleur récente alimente la rareté physique et, par ricochet, les prix.

Perspectives — entre hype et réalités fondamentales

Les projections divergentes abondent : certains intervenants de marché anticipent une poursuite de la hausse (scénarios jusqu’à ~5 000 $/oz l’an prochain), d’autres mettent en garde contre des corrections abruptes si les tensions se résolvent, si la Fed accélère un relèvement des taux ou si des ventes massives de portefeuilles obligataires opèrent l’effet inverse. Reuters et d’autres agences financières soulignent que des facteurs conjoncturels (résolution partielle de tensions commerciales, repli spéculatif) peuvent produire des replis temporaires, sans pour autant invalider la tendance structurelle autour des métaux liés à la transition.

Un marché nouveau-né, à la fois financier et industriel

L’envolée actuelle des métaux précieux est un phénomène hybride : il unit la vieille logique de valeur refuge (or) à de nouvelles dynamiques industrielles (argent, platine) portées par la transition énergétique et par des décisions politiques imminentes, comme celles attendues à la COP30. Pour les investisseurs, régulateurs et décideurs, la question n’est plus seulement « jusqu’où l’or montera-t-il ? », mais « comment organiser une chaîne d’approvisionnement durable et résiliente pour des métaux désormais essentiels à la transition ? ». La réponse déterminera si ces cours sont l’écho d’une bulle temporaire ou le signal d’un rééquilibrage structurel durable des marchés des matières premières.

L.R.

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