Alors que la consommation d’essence sans plomb connaît un net recul en 2024, atteignant à peine 3,6 millions de tonnes, l’Algérie amorce un virage énergétique décisif avec la montée fulgurante du Sirghaz (GPL carburant). Ce dernier séduit de plus en plus d’automobilistes, représentant désormais 23 % du parc roulant contre seulement 4 % en 2016. Cette mutation, soutenue par la stratégie nationale de transition énergétique, s’inscrit dans un contexte de dynamisme croissant du marché des produits pétroliers, dominé toujours par Naftal.
Dans une interview accordée à la chaine I de la radio nationale ce mardi, M. Boukacem Hassan, directeur central de l’exécution et de la stratégie chez Naftal, a dressé un état des lieux du marché pétrolier en Algérie. Il révèle une consommation nationale qui a atteint 19,05 millions de tonnes en 2024, marquant une tendance haussière sur les cinq dernières années.
Cette consommation comprend le gasoil, l’essence sans plomb, le gaz de pétrole liquéfié (GPL) sous ses formes domestique et carburant, ainsi que les carburants pour l’aviation et la marine.
L’un des faits marquants de l’année est la baisse significative de la consommation d’essence sans plomb, qui chute à 3,6 millions de tonnes. Cette tendance s’explique par l’engouement croissant pour le Sirghaz, perçu comme une alternative économique et écologique.
En chiffres 2016 : seulement 4 % du parc automobile roulait au GPL, alors qu’en 2024, ce chiffre grimpe à 23 %, et quant à la consommation GPL carburant, on note un passage de 800 000 tonnes à 1,6 million de tonnes par an.
Le gasoil en tête : moteur des grands chantiers économiques
Le gasoil reste en tête des produits les plus consommés, en raison de son rôle vital dans les activités industrielles et logistiques, les chantiers de développement, et le transport de marchandises.
Malgré l’ouverture du marché à la concurrence privée depuis 1998, Naftal continue de dominer la distribution des produits pétroliers avec 88 % des parts pour les carburants, 8 % pour le GPL, 60 % pour le bitume, et 43 % pour les huiles industrielles et lubrifiants.
La consommation de gaz butane est stable, voire en légère baisse, grâce à l’extension du réseau de gaz naturel domestique.
Mais la demande explose durant la campagne hivernale (1er octobre – 30 avril), atteignant 1,2 million de tonnes, soit 100 millions de bonbonnes par an. Naftal en distribue 80 millions, couvrant ainsi 65 % de la demande nationale.
L’entreprise anticipe cette demande avec des programmes de stockage et maintenance post-hiver, et une collaboration avec les collectivités locales, notamment dans les zones enclavées.
Plan quinquennal 2024–2025 : 360 milliards DZD pour moderniser le réseau
Naftal a lancé un ambitieux plan d’investissement estimé à plus de 360 milliards de dinars, dont 70 % sont alloués au renforcement des capacités de stockage, et eu développement du transport par pipelines.
Projets phares :
On citera à cet effet, le pipeline Skikda – El Eulma (livraison fin 2024), le nouveau pipeline Arzew – Alger pour le GPL, et la future liaison Hassi Messaoud – Ghardaïa (après mise en service de la raffinerie).
Une contribution écologique : recyclage des huiles usagées
Naftal joue un rôle actif dans la protection de l’environnement à travers la collecte de 43 % des huiles usagées, un projet industriel de recyclage, en partenariat avec des PME, et une stratégie globale portée par le groupe Sonatrach.
Un maillage national : 2 300 stations-service en activité
Le réseau de Naftal comprend 400 stations en gestion directe, 200 stations en gestion indirecte, et le reste sous gestion privée.
À noter : la réalisation de 35 stations modernes sur l’autoroute Est-Ouest, proposant des services intégrés pour les voyageurs.
Face à la montée des prix, aux défis environnementaux et à la nécessité de diversification énergétique, l’Algérie opère une transition progressive vers des carburants alternatifs. Le recul de l’essence sans plomb au profit du Sirghaz en est la preuve tangible. Portée par Naftal, cette dynamique est appuyée par des investissements massifs, un réseau logistique performant, et une volonté d’intégrer les enjeux écologiques à la stratégie industrielle.
L.R.
